Ray Ventura

Nom de naissance

Raymond Ventura

Naissance

16 Avril 1908, France

Biographie

« Tout va très bien Madame la Marquise », « Ca vaut mieux que d’attraper la scarlatine », « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? », autant de classiques du music-hall nés sous la plume de Ray Ventura, l’un des chefs d’orchestre et compositeurs les plus prolifiques de l’entre-deux guerres et des années 1950 et 60. Promoteur du jazz en France aux côtés de son ami de toujours, Paul Misraki, Ventura fut également un éditeur au nez fin qui sut lancer Georges Brassens, Henri Salvador, ou son propre neveu, Sacha Distel.

Né en 1908 à Paris, Raymond Ventura passe son adolescence dans une France désireuse de revivre après les horreurs du premier conflit mondial. Marqué par la culture du sauveur américain, Saint-Germain des Prés découvre les nouvelles sonorités venues des Etats-Unis et ne se trémousse plus qu’au rythme du jazz et du be bop.

Scolarisé à Jeanson-de-Sailly, Ventura fait la connaissance d’Edouard Stanton Foy, lycéen franco-américain alors leader d’un combo de jazz, le Titcomb’s Orchestra. Pianiste classique, Ventura est intégré à l’orchestre en 1924, lequel change de nom pour devenir le Collegiate Five. Animant bals populaires, réceptions et fêtes d’étudiants, le combo se professionnalise et Ventura envisage d’abandonner ses études supérieures pour ne se consacrer qu’à son groupe. Après plusieurs années de pratique, l’orchestre enregistre quelques disques et, lorsqu’en 1928, Ventura en prend la direction, il le rebaptise  Ray Ventura and His Collegians.



Les Collégiens

La composition du groupe évolue énormément au cours des années qui suivent, les musiciens allant et venant, tenant davantage de la bande de copains venus faire le bœuf autour de Ventura que d’un véritable orchestre organisé. En 1929, les Collégiens se produisent à New York où Ventura fait la connaissance de Paul Whiteman, l’une de ses idoles. Déjà à l’époque, les Collégiens se différencient des combos plus classiques dans la mesure où, sur scène, les musiciens n’hésitent pas à mêler sketches et fantaisies à leurs interprétations, frisant même parfois avec la chanson comique.

L’arrivée, en 1929 de Loulou Gasté et de Paul Misraki donne un second souffle à la bande car l’apport de ces deux musiciens permet aux Collégiens de développer leur répertoire et d’orienter le style de l’orchestre vers le music-hall. Plusieurs tournées en Europe assoient le prestige de la petite troupe mais le rythme effrené des voyages en bus épuise physiquement quelques musiciens qui préfèrent raccrocher les gants.

Ce n’est qu’en 1934 que Ray Ventura et ses Collégiens se stabilisent définitivement avec Ventura, Gasté, Miskari, Coco Aslan et Raymond Legrand. Se produisant aux côtés de Mistinguett ou de l’orchestre du Moulin Rouge, le quintette fait désormais partie des figures incontournables des nuits parisiennes.  



Tout va très bien

C’est en 1935 que Miraki et Ventura composent ce qui devient très vite l’un des succès les plus colossaux de la chanson française de l’avant-guerre : « Tout va très bien Madame la Marquise », qui s’écoule à près de 600 000 exemplaires à une époque où la possession d’un tourne-disque relève encore du luxe. Si le nom de Ray Ventura est intimement lié au succès de son groupe, force est de reconnaître que, plus que de lui-même, l’inspiration des plus grands tubes des Collégiens vient de Misraki et du parolier André Hornez.

Les années suivantes, « Ca vaut mieux que d’attraper la scarlatine », « Qu’est ce qu’on attend pour être heureux ? » et « Les Chemises de l’archiduchesse » se taillent également de beaux succès sur scène et dans les foyers. En 1938, André Dassary vient compléter la bande de joyeux drilles. 

Swing d’après-guerre

La guerre vient interrompre brutalement la carrière des Collégiens. Si Legrand persiste dans la chanson comique pendant l’Occupation, Ventura, qui est juif, après avoir remonté le moral des troupes avec « On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried », choisit la fuite en Amérique du Sud où il dirige un combo local, s’inspirant au passage des musiques argentines et brésiliennes pour ses propres morceaux.

Revenu à Paris dès la Libération, il monte un nouveau groupe baptisé simplement le Nouvel Orchestre de Ray Ventura. Ayant fait la connaissance d’Henri Salvador lors de son exil sud-américain, il intègre le jeune artiste au sein de sa nouvelle formation, apportant ainsi un indéniable cachet bossa nova aux compositions swing et jazzy de l’orchestre. Devenu une figure du music-hall français, Ventura apparaît dans quelques comédies musicales comme Nous irons à Paris, Nous irons à Monte Carlo ou Femmes de Paris, sur le tournage duquel il rencontre sa future épouse, Jacqueline. 

Le producteur

Avec le temps, Ventura se produit personnellement de moins en moins et s’installe dans une confortable carrière de producteur, aidé par son jeune neveu, Sacha Distel, lequel apprend la guitare sous le patronage d’Henri Salvador. Ayant créé Versailles, une maison de disques, Ventura s’intéresse de près aux débuts de carrière de chansonniers français comme Georges Brassens ou de jazzmen américains à l’image de Ray Charles. Producteur inventif et au nez fin, Ray Ventura choisit ses poulains avec succès et ceux qu’il commence à coacher commencent très vite à percer dans leurs domaines respectifs. Pape des nuits zazoues des années 50, Ventura est un habitué des cabarets germanopratins où il croise Boris Vian, Jacques Brel, Léo Ferré ou ses anciens collègues Collégiens.

Devenu un producteur comblé, Ray Ventura disparaît un peu dans l’esprit du public, ses anciens succès s’étiolant doucement de la mémoire collective jusqu’à leur redécouverte dans les années 1970 par le Grand Orchestre du Splendid. Profitant de sa retraite heureuse sous le soleil des Baléares, Ray Ventura se retire en 1978 à Palma de Majorque où il décède le 29 mars 1979 des suites d’une attaque cérébrale. Une grande émission présentée par Sacha Distel et dans laquelle la plupart des anciens Collégiens ainsi qu’Henri Salvador ou Darry Cowl viennent lui rendre hommage est diffusée la même année.