Lyms

Biographie

Lyms, Ilyes dans le civil, 23 ans, né et grandi à Sète, appartient à cette nouvelle génération qui a compris que l’époque n’était plus aux frontières, aux limites. C’est un enfant du mélange, des croisements, un gamin de l’hybride et de l’audace…

« Mon père faisait du raï. Je suis né avec des bruits de synthé, avec mon père qui chantait. Mes oncles étaient eux dans le breakdance. J’ai baigné dans la musique depuis tout gamin. Je pense que si, aujourd’hui, je chante et je rappe, c’est grâce à tout ça, c’est sûr » se souvient-il. Et que Lyms chante ou rappe, il n’est toujours que lui-même. Ses textes dévoilent une pudeur acharnée et des sentiments qui jamais ne trichent. Sur son single “Comme les Autres”, avec un feat de Kanoé, tout son univers défile et on comprend qu’ici, la frime et les postures n’ont pas leur place. Lyms aime raconter la vie, la sienne et celle des autres, sans masque ni ego boursouflé. Des chansons comme “Trop Tard”, “Sentiments” ou son duo avec Demi Portion, le rappeur culte de Sète, sur “J’Ferai Pas”, l’indiquent assurément. Son truc, c’est une sincérité à fleur de peau, une introspection salutaire, une mélancolie viscérale. Il est un topliner doué, il aime les mélodies qui déchirent les certitudes. Son histoire ressemble à celle de milliers de mômes des quartiers. Au départ, Lyms rêve de rectangle vert et de ballon. Ailier gauche puis arrière gauche, il s’imagine déjà portant le maillot de son club de cœur, l’OGC Nice. Mais la vie est parfois capricieuse. Une maladie le contraint à stopper toute activité physique durant trois ans. « Mon meilleur ami, qui s’appelle Maga, souffre de la mucoviscidose. Dans son lit d’hôpital, il écrivait des textes. Et quand il est sorti de l’hosto, il devait aller en studio et il m’a demandé de l’accompagner. Une fois là-bas, il lui manquait un deuxième couplet. Il m’a dit : “Vas-y, t’es chaud, écris-le.” Je l’ai écrit et je l’ai posé direct. J’avais 14 ans. Un hasard total ! Je n’avais jamais écrit de ma vie. C’est arrivé naturellement, je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, j’ai foncé. Le titre s’appelait “Qui Aura Notre Peau?” C’était un remix d’un son à l’ancienne. Avant ça, un titre m’avait marqué, gamin, “Gravé dans la Roche” de Sniper. Il passait à la radio et il m’avait touché. Je crois que mon cerveau était prêt pour apprendre. J’étais encore petit mais ça a été comme un déclic. »

La musique va doucement et sûrement s’imposer à lui. La suite de l’histoire ne dit pas autre chose : « Quand j’ai commencé, je ne savais même pas qu’on pouvait gagner de l’argent avec la musique. Je ne savais même pas que c’était un métier (rires). Je fais donc ce premier son avec mon pote. Quand j’entends ma voix pour la première fois, ça me fait trop bizarre. Mais j’y prends goût. Je commence à économiser pour pouvoir retourner en studio. À l’époque, je suis au lycée et ma daronne me donnait des sous pour manger à midi. Je préférais manger un pauvre sandwich au fromage pour garder le fric pour le studio. Je finis par monter un groupe, AES. On fait jusqu’à 30 000 vues, ce qui, pour nous, était un truc dingue. Je bouge à Toulon, je rencontre des mecs, on fait un groupe, j’ai grandi, je commence à comprendre comment ça marche, j’apprends, je regarde, je capte que si je veux y arriver, je vais devoir taffer dur. Je m’y mets. On signe pour un single. Et puis ça part un peu en couilles. Je suis déçu et j’arrête la musique du jour au lendemain.  Je retourne à Sète. J’ai travaillé, partout : éboueur, fast food, restauration. J’étais dégoûté, frustré. Je pensais que c’était mort. J’avais toujours fait de la musique en groupe. Pour moi, faire ça en solo, c’était juste pas possible… C’était l’aventure humaine qui m’intéressait, le collectif. Ma mère, qui était à fond avec moi depuis le début, Maga et Bilel, un autre pote, me demandent pourquoi je ne persévère pas. Je pensais ne pas avoir les épaules. Je manquais de confiance en moi, clairement. Je rencontre un mec à Montpellier, Hazer, un ingé son aussi topliner et beatmaker. On parle musique. Il me conseille. On finit par travailler ensemble pendant des mois et c’est là que je trouve mon style. J’écrivais tous les jours, le kif ! Le jour de l’an 2019, j’entre en contact sur Insta avec Hatik. On discute et il me présente son collègue, Ogee Handz, qui est devenu mon manager. Je monte deux fois sur Paris pour des rendez-vous avec des labels, en 2019. La première fois, il neige de fou. J’ai pas une thune en poche. Je me débrouille. Je me retrouve en studio avec Ogee, ça fonctionne grave. On bosse non stop. Jusqu’au jour où quelqu’un de chez Polydor entend un titre qu’on a fait tous les deux. Le label me propose un contrat pour faire des maquettes. Je devais faire huit sons. Au final, j’en ai douze ! Polydor a aimé et m’a signé et me voilà ! C’est un truc de fou ! La porte vient de s’ouvrir. C’est comme de signer à Arsenal (rires). Je n’ai plus d’excuses, je dois tout péter ! »

On ne s’inquiète pas pour son avenir. Lyms carbure à l’instinct, il ne calcule rien, ne lâche rien. Et quand il est libre, en tout cas pas entravé, il donne tout. Il sort un premier EP à la rentrée 2020, le 14 septembre, “7 Vie”. Clin d’œil à sa ville natale, bien sûr, chiffre magique dans l’histoire des hommes, aussi nombre de titres présents sur l’EP. Premier épisode d’une trilogie, en attendant son premier album. Cet EP finira de convaincre les indécis. On y découvre son style tout en nuances, capable autant de rapprocher les corps que de plonger au cœur des entrailles. Lyms ne s’interdit rien et c’est saisissant : « Mon style ? Je dirais qu’il n’a pas de limite. Je peux passer d’un son afro-raï à un son variété ou à quelque chose de plus urbain ou de trap mélodieux. Mon style, c’est de ne pas me fixer, je veux pouvoir tout faire et rester moi-même… La mélancolie ? Ouais, elle est présente dans mes textes, c’est certain. Elle n’est jamais feinte. Elle vient de loin. J’aime beaucoup un gars comme Stromae. Lui, il arrive à faire danser les gens avec des sujets très profonds. Je tends vers ça : donner aux gens l’envie de bouger sans jamais délaisser le message. » Il est sur la bonne voie. On le compare parfois à Balavoine et ce n’est pas idiot. Il possède la même capacité à viser juste sans en faire des tonnes. 

Il rêve aussi de réaliser un film, son film. Il l’a déjà dans la tête. Il est patient et convaincu. Il ne craint rien. Et quand on lui demande, en guise de conclusion, quel conseil il donnerait au Lyms de son enfance, sa réponse est limpide : « Je lui dirais de ne pas se poser trop de questions quand il s’en pose trop (sourire). Et de foncer !” Les choses s’accélèrent. Lyms n’attendait que ça.

Dernière Sortie

27 avr 2022

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