Lynda

L’histoire commence avec des vidéos capturées via son ordinateur, avec le soutien indéfectible de sa grande sœur. C’est une histoire d’aujourd’hui, quand la jeunesse n’attend plus qu’on sonne à sa porte et qu’elle prend son destin en main. Plus besoin d’intermédiaire désormais. Le monde est là. Il faut pour cela du courage, de la naïveté, du talent également. On voit Lynda dans sa chambre d’enfant, sans artifice, simplement chanter. Sa reprise du “Mistral Gagnant” de Renaud, émouvante, sobre et habitée, dévoile une jeune fille qui a déjà compris pas mal de choses. Sa voix allie puissance et douceur, intimité et universalité. Dans ses yeux, il y a encore autre chose. Peut-être la passion pour cette musique qui ne la quitte plus depuis toute gamine. Peut-être aussi le désir de ne pas tricher et de tout donner pour ceux qui, invisibles, l’écoutent de l’autre côté de l’écran : « J’ai ce souvenir en photo à la crèche, j’avais deux ans, avec un micro à la main. C’était déjà ça en fait ! J’avais déjà cet amour pour la musique. Je crois depuis que je suis dans le ventre de ma maman (rires). Dans ma famille, on écoutait beaucoup de musique. Du côté de mon papa, en Algérie, la musique occupe une vraie place. Mon oncle dirige là-bas un conservatoire. J’ai un oncle qui joue de la guitare andalouse. La musique a toujours été là… » 

2020 - La gamine du 95 n’a rien lâché

“Si tu m’aimes”, “Homme parfait”, “On s’y fait” ft Gims, “Ma berceuse”, “Je décolle”, elle a multiplié les titres imparables. Pop, R&B, variété, tonalités reggae, Lynda préfère, aux étiquettes, les… Chansons. Les vraies, celles qui ne quittent plus la tête et qui ne se ferment aucune porte. Il y a aussi bien sûr “Adieu” avec Dadju, qui tourne encore en boucle. 

En 2021, elle sort son tout premier album, “Papillon”. « Les gens m’ont d’abord connue dans ma chambre et cette chambre, ça a toujours été mon cocon. Mon évolution, tout ce que j’ai pu faire dans la musique depuis mes débuts, c’est comme la métamorphose du papillon. Moi, je suis un papillon très révolté, qui veut juste s’envoler, qui aime la vie, la liberté, et qui ne se fixe aucune limite dans sa musique… Dans mes chansons, il y a toutes les émotions. Il y a de la joie, de la tristesse, de la mélancolie, je définis mon album comme un arc-en-ciel. Et c’est vraiment ce que je suis… J’ai adoré Mariah Carey. Elle avait appelé l’un de ses albums “Butterfly”. Et le truc le plus dingue, c’est que je n’ai vraiment pas pensé à elle quand j’ai décidé d’intituler mon disque “Papillon”. Mais je suis ravie de ce hasard heureux parce que Mariah, je l’écoutais énormément, tout le temps quand j’étais gamine. J’aimais beaucoup aussi Whitney Houston, Céline Dion, Leslie, Diam’s, Édith Piaf. J’ai toujours écouté de tout. » 

Lynda écrit ses textes, compose au piano (son premier lui a été offert par un voisin qui l’entendait chanter tous les jours), elle carbure à l’instinct, déborde d’énergie et il suffit de lui parler quelques instants pour comprendre qu’elle n’est pas du genre à abdiquer. Sa force de caractère est tangible, impressionnante même. La musique, pour elle, n’est pas qu’un moyen, un choix par défaut. C’est en elle, pour elle : « Si la musique avait dû rester juste un hobby, j’aurais adoré m’occuper d’enfants en difficulté, devenir éducatrice spécialisée par exemple. Mais la musique me permet également d’être en contact avec les gens. Il m’arrive d’aller dans les hôpitaux, d’aller donner des cours dans des écoles (elle donne aussi des leçons de chant sur un site pédagogique). Et je sais qu’une chanson peut aider les gens à aller mieux. J’ai déjà reçu plein de témoignages de personnes qui se sont reconnues dans mes chansons. La musique, pour moi, c’est comme un médicament. Elle peut guérir les cœurs, elle peut atténuer bien des souffrances… J’avais besoin d’écrire, depuis toute gamine, j’écrivais des poèmes, plein, et j’avais besoin d’échanger. »

Ce qu’elle appelle the dream, le rêve, c’est donc sa musique : « Il y a une chose importante à savoir : je ne me suis jamais dit “Je serai chanteuse et rien d’autre !” Je me suis toujours dit que je ferai toujours ce que j’aime et que je continuerai à chanter, quoiqu’il arrive, mais je n’en faisais pas une obsession non plus. Je laissais Dieu faire… Bien sûr, au fond de moi, je voulais être chanteuse mais pas au point de tout accepter non plus. Je faisais des concerts dans ma ville, à Garges. J’enregistrais des petits sons dans les cuisines des clubs jeunesse municipaux (rires). C’était super ! Je n’oublierai jamais ces moments, jamais. J’ai vite créé une vraie fan base avec mes vidéos. L’année où je passais mon Bac, j’étais aussi en tournée en première partie de Sexion d’Assaut, en 2013. Je faisais un concert à Lille et le lendemain, j’étais en cours de maths (rires). Jusqu’à finalement rejoindre Wati B. 

Les années ont passé, j’ai commencé à tourner. Et j’ai signé chez Polydor. Je ne voulais pas aller trop vite. Je voulais bien faire les choses. »

Une voix à la fois lumineuse et profonde, un visage charmant et une tête bien faite. Lynda n’a rien à craindre et peut enlacer l’avenir avec gourmandise et détermination. Ce disque est son véritable premier album. Ce n’est pas une étape anodine, un premier album. C’est un moment crucial, une étape vertigineuse même : « J’y ai mis toute ma vie dans ce disque, tout mon cœur, tout mon temps, toutes mes convictions, mes valeurs, ma passion. Et j’ai grandi avec mon album. J’ai évolué en même temps que ma musique. Ma voix a changé. J’ai dû apprendre à être patiente, à travailler avec les autres. Je me suis ouverte. J’ai hâte ! » Hâte aussi de retrouver la scène : « Ce que j’aime le plus dans la musique, ce sont les concerts ! Moi, je pourrais mourir sur scène, aucun problème (rires). J’adore ça ! C’est toute ma vie. Je suis connectée avec le public, il me rend au centuple tout ce que je lui donne, c’est magique. » 

Lynda veut un jour devenir une mère. En attendant, elle peut jouer les étoiles. Elle a ce qu’il faut.