VSO

Biographie

Pour les retardataires, VSO (prononcer vaisseau), c'est un trio de potes de Nîmes, Alien, Vinsi et Pex, déjà responsable de deux EP remarqués, où le rap s'offrait une virginité en piétinant avec une dalle admirable les codes et les coutumes. Issu d'une génération décomplexée, VSO ne craignait alors pas de mêler les influences pour mieux s'élever. Hip hop, pop, électro, le brassage était libre et sauvage. Le trio cultivait les paradoxes pour se raconter sans filet, plongeait dans son intimité, entre intensité et tripes à l'air. C'était jubilatoire, dense, habité.


2020 - Les années ont passé. Les concerts se sont multipliés. Les rêves se conjuguent désormais au présent. L'horizon s'est furieusement rapproché et l'heure du tant redouté premier album est venue. Que faire quand on a déjà mis autant de soi dans ses deux premiers enregistrements ? Comment éviter les bégaiements, les redondances, les facilités ? « Tu n'imagines pas comment on s'est globalement pris la tête sur ce disque, sur les textes, les structures, absolument tout ! » dit VSO en guise de préambule. Avant de poursuivre : « On s'est mis beaucoup de pression pour faire ce disque. On savait que c'était le moment ou jamais. Il fallait le réussir. Fallait y aller. Les premières semaines à Marseille (où le groupe s'est exilé plusieurs semaines en deux sessions pour composer en compagnie de Nicolas Romano, ingénieur du son de Jul, Soprano et Alonzo), on a fait 9 titres, vraiment dans la douleur. On ne dormait plus, l'envie de bien faire nous bouffait littéralement. Chaque mot écrit, on le remettait en question. Et puis, avec le temps, les premiers sons, on s'est détendu, on a avancé dans la joie. On a commencé avec le cerveau et on a fini avec le cœur. » 

C'est bien connu, les artistes sont leurs pires ennemis. Comme tous les mecs talentueux pas issus du sérail, les trois VSO se voyaient un peu comme des usurpateurs, des illégitimes. Pas à leur place. « Tout ce qu'on fait, c'est de la merde » pensaient-ils aux heures les plus sombres de la création. Alors, plutôt que de s'apitoyer sur leurs nombrils, ils ont préféré combattre, avancer. Nîmes est loin de Paris et de ses raccourcis de carrière. Qu'à cela ne tienne : les trois VSO vont trimer encore plus dur, s'affirmer encore plus fort, multiplier les actes de bravoure. 

Et voilà “Adrénaline”, premier album de 18 titres (VSO admet en avoir conçus une cinquantaine avant d'opérer un tri drastique), un disque très instinctif et travaillé au corps, dans lequel le groupe ne se cache toujours pas mais ouvre sur le monde. Un disque qui chante la vie, les leurs et les nôtres, sans mythomanie ni paillettes, à la sincérité désarmante. Ici, on ne triche pas. C'est un rush, une montagne russe, on sort faire la fête, on regarde dans le rétro, on pleure et on rit, on respire et on suffoque et on regarde toujours les étoiles, jamais ses pompes. Un disque de rap ? Pourquoi pas. Nicolas Romano a bien oeuvré. Mais VSO reste VSO et il n'en fait qu'à sa tête. Il repart ici presque de zéro. Quand on écoute ce disque, on ressent surtout ce sentiment de liberté totale, on devine que les trois amis ont accepté d'encore plus lâcher prise, de tout tenter, sans jamais se perdre, pour ne pas avoir le moindre regret. Démarche salutaire et résultat bigger than life. Il y a ce titre, Adrénaline : « On cherchait un truc qui nous correspondait bien, à tous les trois. Et on s'est rappelé notre accident de voiture en 2016 alors qu'on se rendait à la finale d'un concours rap qu'on voulait absolument gagner. C'était un putain d'accident mais on est quand même parvenu à se rendre au concours et on a gagné. Et on a fait le concert de notre life ! On a ensuite signé chez un tourneur qui nous avait repérés ce jour-là, plein de choses très positives ont découlé de cette journée... Adrénaline s'est donc imposé. C'est un terme qui nous va bien. On est plein d'histoires amoureuses chaotiques, on court toujours, pour tout, on déborde d'adrénaline. C'est ça qui nous fait avancer en fait. » Voilà. Une fois le disque lancé, on ne peut plus faire machine arrière. C'est un trip total, on suit VSO le jour, la nuit, ici et ailleurs, en haut et en bas, on a parfois le vertige, on se marre à intervalle régulier, on se reconnaît dans ces paroles qui font tomber les masques. Une trompette ou une guitare déchirent les ténèbres ici et là, une punchline imparable déclenche un rire spontané. Sans oublier cette capacité chez VSO a parfois toucher le cœur le temps d'une chanson terrible, où il regarde les monstres que nous sommes parfois les yeux dans les yeux. Le fil rouge d'Adrénaline ? « Salut, c'est nous, on vient pour faire la fête, boire ton alcool, si possible niquer ta meuf et le lendemain, on aura la gueule de bois et on déprimera un peu (rires). C’est ça le mood général du disque. D'un côté, tu as la fête et de l'autre, la réflexion des lendemains, la descente… C'est la vie en somme. Ce disque, c'est une recherche sur nous aussi. On essaye de dire qui on est, nos principes, nos différentes facettes… » 

La principale force de VSO, c'est d'avoir compris qu'il n'était ni mieux ni pire que les autres. Et qu'il se devait de n'être que lui-même, malgré les bosses, les galères, les errances, les doutes. C'est surtout cela qui donne à sa musique cette cohérence, cette identité en titane, à la fois attachante et indomptable. Aux confidences frontales du passé, VSO a choisi d'user de l'art de la suggestion, permettant ainsi à celui qui écoute de vagabonder à son rythme, d'imaginer ce qu'il veut. « Ce disque, ce n'est pas qu'à écouter mais aussi à vivre » confirme VSO. La bande-son d'une génération qui navigue en permanence entre egotrip et angoisses futures. Pour créer ce disque, ils se sont entourés de beatmakers ayant produit pour des figures de la scène rap : BLV (Nekfeu “On verra”), Itzama (Lomepal “Bécane”), Nkf (PNL)… Un grande partie des compositions a aussi été assurée par le groupe, et plus particulièrement par Pex. 

“La Vie la Vraie”, qui ouvre ce disque intense, joue avec les paradoxes et fonctionne sur le principe du chaud/froid. Ce sont les contradictions qui font les Hommes et rien d'autre et ça, VSO l'a parfaitement capté. 

“Tout le monde est d'Accord”, qui suit, et que le public a déjà pu découvrir sur scène, ressemblerait bien à un hit. Un hit qui ne fait pas de prisonnier, autant dans le fond que dans la forme. 

“Vespa”, avec un feat de Saan, de Tours, est un petit bonbon. Instant comme en apesanteur, quelques minutes de légèreté arrachées à la réalité. 

“Melrose Place” a le mood californien et R'N'B. Epuré et solaire, inclassable et amoureux. 

“Soleil Bleu” décolle, direction le cosmos. Incandescence qui égrène quelques notes de mélancolie, pudique. 

“Over” rappelle que VSO vient du Sud avec sa guitare et ses trompettes, c'est une déclaration de non-amour sobre et aérienne. 

“Basejump” démarre a capella avant de virer egotrip. Du très lourd, où même Chuck Norris est convoqué ! 

“Maladif” lui aussi mêle habilement mélancolie et rayons de soleil. En mode Bonnie & Clyde sur une plage lointaine. Puis débarque sans prévenir 

“Chaos”. VSO endosse le temps d'une chanson vertigineuse le rôle du bourreau, de celui qui frappe sa femme. Pour accentuer l'horreur. Pour entrer dans la tête d'un monstre. « C'est un sujet qui nous tient à cœur » précise pudiquement VSO. On sent que ce sujet douloureux vient de loin et qu'il n'était pas question de l'éviter sur le disque. Il résonne encore longtemps après l'écoute. 

“Tourner”, l'un des premiers titres composés (« Lui, il a vraiment survécu à l'épreuve des balles (rires) »), derrière sa légèreté de façade, remet joliment l'Homme à sa place. 

“BN” pour baskets neuves, bonne nuit (les petits), les chocos BN… ravive l'enfance et dévoile une nostalgie touchante. La Madeleine de Proust de VSO… 

“Sommet”, avec un feat de Kikesa, de Nancy, un ami de VSO rencontré en tournée, à présent figure montante de la scène rap, chante le doute moins fort que l'envie d'en découdre avec la fatalité. 

“Sourire” est un règlement de compte jubilatoire : « Il fallait bien aussi qu'on parle de nos ex dans un titre, hein ? J'ai réussi à mettre un an de relation en une mesure (rires) » dit Pex. On confirme. 

“Level Up”, avec un feat de Lord Esperanza, « c'est pour faire bouger le plus de culs possible (rires). On aime ce qui est dansant, les basses... Club à mort. On y est allé au feeling sur ce titre, on essaye tout, on ne se retient pas. » C'est exactement ça. C'est très drôle et très addictif. 

“Pierre, Feuille, Ciseaux…” a l'énergie qui déborde. Là encore, on ondule et on rit en même temps. C’est aussi la carte d'identité de VSO : un bon doigt d'honneur aux certitudes et aux étiquettes. 

“Hollywood Motel”, c'est un tableau de Hopper qui se mettrait à vivre, là, en direct. L'histoire du jeune Roméo qui rêve de devenir un artiste célèbre et qui se confronte à la dure réalité des choses. Hauts et bas, encore. Une obsession chez VSO : les caprices du destin, la place de chaque homme sur cette planète. Rêves et peurs. 

“À Qui Parler ?” regarde le passé pour mieux affronter l'avenir, composé par Nkf, ingénieur son et producteur de PNL. Des ténèbres à la lumière, du sépia aux couleurs d'aujourd'hui. Beau. 

Le disque offre une ultime virée avec un titre caché, indiquant la fin du voyage et la suite de l'aventure également. Une nouvelle fois, guitare et trompette pactisent pour le meilleur, on peut entendre le public scander le nom de VSO. 

L'odyssée ne fait que commencer. 

Dernière Sortie

25 sept 2020

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