Savana
Biographie
« J’ai envie qu’on m’écoute, plutôt qu’on me regarde. »
C’est un cri du cœur, plus encore qu’une profession de foi, mais le défi s’annonce ardu à relever tant Savana est d’abord une apparition spectaculaire. Une éruption de cheveux platine savamment torsadés en boucles, comme une écume de vague autour d’un visage parfaitement dessiné, une silhouette d’héroïne de vidéo game, des yeux d’acier, Savana crève l’écran dans la vie réelle, suscitant les mêmes réactions que la pin-up dans un Tex Avery. De quoi alimenter les fantasmes habituels des haters en tout genre, qui verront dans la jeune Bruxelloise une créature fabriquée, dessinée par un ordinateur et le grand méchant loup du show-business, pour tenter un coup fugace.
« Dans la musique, ça me handicape, je suis consciente qu’on ne va pas me prendre au sérieux parce que j’ai cette allure. Je comprends ça, tant qu’on ne m’a pas écoutée. Je travaille dur pour qu’on me prenne au sérieux. Je ne suis pas un produit marketing, je ne veux pas faire d’erreur. »
Cette détermination d’airain, c’est celle d’une jeune femme d’à peine 21 ans, que sa plastique surnaturelle a d’abord amené vers le mannequinat. Poser pour des photos n’est pas une vocation, elle rêve plutôt de séduire le micro comme elle le fait de l’objectif. Elevée au son de Michael Jackson, puis de Mariah Carey, Savana est pourtant réticente, ou plutôt prudente. Elle n’a jamais chanté ailleurs que devant son miroir, ou aux fêtes de l’école. Mais elle donne assez de gages de talent à faire éclore pour attirer l’œil et les oreilles de quelques pontes de la scène musicale française. Sans réelle aide, elle va chercher, puis trouver son propre univers musical. Après une première tentative avec une équipe belge, et quelques titres qui ne la satisfont guère, elle rencontre Anissa Bass, manageuse et auteur, qui lui présente Matthieu “The Dude” Mendes, chanteur, compositeur et réalisateur (pour Kendji Girac, Luce, M Pokora…). Avec lui, et une autre équipe de production belge, elle enregistre ce qui s’annonce comme un premier album personnel et aventureux, dans lequel elle s’est énormément investie, aussi bien dans les textes que dans les mélodies et la production, toujours à l’affût d’une idée, d’une tentative, d’une recherche. Un album concept, en quelque sorte, autour de la figure mythologique de Perséphone, dans laquelle elle s’est reconnue. « Son histoire, c’est un peu la mienne et celle de mon album, écartelée entre la terre et les enfers, avec une double facette, comme moi. » Le mythe de Perséphone, divinité d’une rare beauté, enlevée par le dieu des enfers, et contrainte de se partager entre le rôle de reine des enfers et de déesse de la providence, sert d’ossature entre une face Savana, plus solaire, et une face Blue, plus sombre, plus profonde.
Une autre erreur basée sur l’a priori serait d’attendre de Savana, au vu de son pedigree, qu’elle pratique un R&B de consommation courante. Consommatrice avide de musiques au pluriel, fan de Mylène Farmer comme de Marylin Manson, de musiques africaines aussi bien que de 21 Pilots (son récent crush), de métal comme de soul classique, elle propose un mariage harmonieux puisque ressenti de rock, de trap, de r&b, et de pop, des histoires qui sont comme un journal intime de sa vie et de ses émotions, qu’elle raconte en chansons.
« J’y ai mis toute mon âme, et si ça ne plaît pas, c’est qu’on ne m’aimera pas moi. »
Avec la candeur de son inexpérience et la force de son enthousiasme, Savana a voulu que ce disque liminaire soit un miroir de sa passion récente, mais sincère, pour cette vocation nouvelle. Ainsi elle n’a souhaité aucun featuring, pour porter seule la responsabilité de l’aventure. “Perséphone” est donc un album surprenant, un mariage équilibré de modernité et de tradition, porté par une bombe anatomique dont l’allure remarquable ne saurait dissimuler longtemps la richesse des chansons qu’elle incarne.
Dernière Sortie
3 mars 2017
Savana