Tal Farlow

Nom de naissance

Talmage Holt Farlow

Naissance

7 Juin 1921, Greensboro Caroline du Nord, , United States

Biographie

Tal Farlow est incontestablement l’une des icônes de l’ère bebop, il fait partie d’un groupe restreint de guitaristes (Wes Montgomery, Barney Kessel, Joe Pass, Kenny Burrell, Herb Ellis …) ayant donné ses lettres de noblesses à la guitare dans un monde jazzistique dominé par les souffleurs. Son style unique, sa personnalité et sa technique parfaite ont fait de lui l’une des influences majeures de toute une génération de guitaristes de jazz.

La scène New Yorkaise

Originaire de Greensboro, en Caroline du Nord, Tal Farlow a grandi dans un environnement très musical : son père jouait de plusieurs instruments : violon, banjo mais aussi clarinette tandis que sa mère pratiquait le piano, sa sœur est devenue pianiste classique. Très vite attiré par la guitare et le jazz, Tal Farlow est influencé au cours de son apprentissage par les grands guitaristes de la fin des années 20 et des années 30 tel Eddie Lang et surtout Charlie Christian, le pionnier de la guitare électrique, dont il déchiffre tout les solos à l’oreille.

L’activité majeure de la Caroline du Nord est traditionnellement le textile, la scène jazz n’y est pas très active à l’époque : il est donc difficile d’y jouer professionnellement, de plus Tal Farlow souffre d’asthme, ce qui lui interdit de travailler proche du coton, c’est ainsi qu’il devient peintre d’enseignes : profession qu’il continuera d’exercer en parallèle à sa carrière de musicien tout au long de sa vie. Vers l’âge de 22 ans, il commence à jouer suffisamment bien pour se faire remarquer par une chanteuse et pianiste : Dardanelle Breckenridge, qui l’emmène en tournée, l’occasion pour Tal Farlow de découvrir New York et sa scène musicale frénétique.

En 1948, après un très bref retour en Caroline du Nord, Tal Farlow décide de partir à Philadelphie puis rapidement à New York, où il travaille comme peintre d’enseignes la journée avant de jouer dans les clubs la nuit. Puis il rejoint Red Norvo (xylophone et vibraphone) et son trio (qui comprendra aussi le grand contrebassiste Charlie Mingus), cette association fait des merveilles et marque l’accession de Tal Farlow au sein des musiciens qui comptent, la critique est élogieuse.

Une influence majeure

Jusqu’en 1953, les trois musiciens vont développer un « jazz de chambre » très efficace, puis la formation se dissout et Tal Farlow rejoint un temps Artie Shaw (clarinette) et ses Gramercy Five, avant de revenir jouer en quintette avec Red Norvo. Ayant établi sa réputation auprès des ces grands noms du jazz, il commence à enregistrer sous son propre nom une première série de disques de 1954 à 1958. Ces disques (notamment The Artistry of Tal Farlow  et The Swinging Guitar Of Tal Farlow) vont révéler aux amateurs de guitare jazz un musicien au style exceptionnel. L’emploi d’accords non conventionnels et une technique ahurissante de rapidité et de précision fascine et force le respect de nombre de ses contemporains.

Tal Farlow devient alors une influence majeure pour beaucoup de guitaristes. En 1958, il se marie avec Tina Loewe et se retire progressivement de la scène jazz professionnelle, pour aller vivre à Sea Bright (New Jersey). Il continue à jouer mais quasi-uniquement dans de petits clubs locaux, subsistant principalement au travers de la peinture d’enseignes. C’est pourtant au cours de cette période (de 1962 à 1971) que la célèbre firme Gibson développe un modèle portant son nom, guitare aujourd’hui prisée par les collectionneurs et dont il existe une réédition depuis 1989.

Une deuxième vie

Deux disques sortent en 1960, puis plus rien avant 1969 où sort The Return Of Tal Farlow et où il se produit au Newport Jazz Festival avec le George Wein’s All Stars. Ce n’est cependant que progressivement qu'il revient vers le professionnalisme, ne reprenant à plein temps qu’en 1976, date à laquelle il signe un contrat avec la maison de disque Concord, et recommence à enregistrer régulièrement.

Il donne alors des concerts dans le monde entier devant des assemblés d’amateurs médusés par l’évolution d’un musicien s’étant longuement isolé et dont la flamboyance fait toujours l’unanimité. Tel le phénix, Tal Farlow débute donc une deuxième vie de musicien, nous léguant ainsi une deuxième salve de chefs d’œuvres de la guitare jazz (A Sign Of The Times ; Chromatic Palette ou encore The Legendary Tal Farlow). Il enchaîne aussi les collaborations, notamment au sein du Great Guitar Trio où il remplace occasionnellement Herb Ellis, Charlie Byrd ou Barney Kessel, mais aussi superbement avec Lenny Breau (Chance Meeting) ou encore avec le français Philippe Petit (Standards Recital).

Mais une mauvaise santé

En 1994, sa femme décède, peu après Tal Farlow arrête les longues tournées mondiales, trop fatigantes pour sa santé et ne joue plus qu'aux USA. En juin 1996, JVC lui dédie son célèbre festival de Jazz et il partage la scène du Merkin Hall (New York) avec nombre de ses amis et de guitaristes ayant subit son influence. L’année suivante, il se remarie avec Michelle Hyk, malheureusement en août, on lui diagnostique un cancer de l’œsophage dont il décédera le 25 juillet 1998 en ayant continué de jouer quasiment jusqu’au dernier souffle.

Reste de lui la légende d’un guitariste inspiré, dont les conceptions harmoniques originales et la virtuosité sans failles ont fait fantasmer nombres d’apprentis jazzmen ; que ce soit au sein des différentes formations auxquelles il a pu participer ou lors de ses magnifiques interprétations solos des standards, il a toujours su exprimer avec brio sa personnalité musicale unique.