Doc Gynéco

Nom de naissance

Bruno Beausir

Naissance

10 Juillet 1974, Clichy-sous-Bois, Seine-Saint-Denis, France

Biographie

Le rappeur français Doc Gynéco, qui a fait ses débuts au sein des groupes Secteur Ä et Ministère A.M.E.R., est connu pour sa carrière solo où il a développé un style nonchalant porté vers la pop et la variété. Né à Clichy-sous-Bois le 10 mai 1974 dans une famille originaire de la Guadeloupe, Bruno Beausir grandit à Paris et se voit surnommé Doc Gynéco dès l'adolescence, en raison de ses talents de séducteur auprès de la gent féminine. Avec ses amis Passi et Stomy Bugsy, il fait partie du collectif de rap hardcore Ministère A.M.E.R. puis de Secteur Ä. Cependant, son caractère plus doux l'amène à forger son propre style et à se lancer en solo. Signé par le label Virgin, il réalise à Los Angeles ce qui sera l'un des albums les plus populaires du rap français, à savoir Première Consultation (1996), classé n° 2 des ventes et certifié au fil du temps disque de platine, après les succès en cascade des titres « Viens voir le docteur », « Nirvana », « Vanessa », « Né ici » ou « Passement de jambes ». Fort de sa notoriété, où son personnage de rappeur tendre est caricaturé à travers des sketches humoristiques, Doc Gynéco revient en 1998 avec l'album Liaisons Dangereuses, qui accueille des artistes aussi variés que Renaud, Catherine Ringer, Pit Baccardi, MC Jean Gab'1 ou des membres du groupe Ärsenik, ainsi que l'homme d'affaires Bernard Tapie dans le duo « C'est beau la vie » (n°11). Avec le suivant Quality Street (2001), enregistré à Londres, l'artiste délaisse le rap pour le zouk, le reggae et la variété, comme dans Solitaire (2002), où apparaissent Matthieu Chedid, Lord Kossity, Daz Dillinger et Stomy Bugsy. Après deux nominations, il obtient finalement le trophée du meilleur album aux Victoires de la musique en 2003, tandis que paraît le Menu Best Of. Par la suite, le rappeur se fait acteur dans Gomez et Tavarès, compositeur de la bande originale du film Taxi 3 et auteur de trois ouvrages, dont Un homme nature : ma vie, ma philosophie, publié simultanément aux deux albums Un Homme Nature et Doc Gynéco Enregistre au Quartier (2006). En 2008, l'album Peace Maker, comprenant un duo avec Johnny Hallyday, est produit par le DJ Mosey alias Pierre Sarkozy, fils du président de la République dont l'artiste s'est affiché ouvertement comme un soutien. Il débute ensuite au théâtre puis revient sur scène avant la sortie de l'album 1000 % en 2018, suivie par les titres « En couleurs » (2019), « Prince charmant » (2023) et « Ça colle aux doigts » (2024).

Né en 1974 à Clichy-la-Garenne, Bruno Beausir n’est pas à proprement parler un « enfant de la cité » car son enfance et son adolescence se déroulent dans Paris intra-muros, à proximité de la Porte de la Chapelle. Adolescent dragueur, ses nombreuses conquêtes féminines et son épanouissement sexuel précoce lui valent le surnom de « Doc Gynéco » de la part de ses amis de l’époque, Passi Ballende (plus connu sous son seul prénom) et Gilles Duarte (futur Stomy Bugsy). S’il s’avère un peu marlou durant sa jeunesse, Bruno Beausir n’a cependant rien d’un gangster et ses faits d’armes en matière de criminalité se limitent à quelques tags ici et là, ainsi qu’à la consommation d’herbe qui fait rire.

C’est par l’intermédiaire de Passi et Stomy qu’il intègre un collectif de rappeurs, le Ministère A.M.E.R. où il fait la connaissance de Kenzy (fondateur du Secteur Ä), Hamed Daye, Lino et Calbo d’Ärsenik, MC Janik ou encore les Neg’ Marrons. Un peu à part du Ministère, Doc Gynéco n'apparaît que sur un morceau du groupe, qu'il intègre en 1993 : « Autopsie », qui figure sur le second album (95200, sorti en 1994). Étant le plus doux parmi les durs, il n’est pas vraiment concerné lors de l’affaire qui oppose le « posse » au ministère de l’Intérieur en 1995, du fait des paroles féroces du morceau « Sacrifice de poulet ».

Intégrant le Secteur Ä lorsque ce dernier est fondé par Kenzy, Bruno Beausir devient le premier des rappeurs du collectif à signer un premier album sous son nom propre. Première Consultation (1996) fait connaître au grand public cet étrange rappeur tenant davantage du rasta que du gangster, au phrasé calme et aux paroles sexuellement explicites. « Viens voir le docteur » devient un incontournable des clubs et discothèque, popularisant l’image de séducteur déjanté et un peu grivois de Gynéco.

Premières ordonnances

Mais, en dépit de son appartenance à l’un des collectifs de rappeurs les plus rudes de la place, Doc Gynéco s’éloigne rapidement des standards habituels du rap. Et, s’il est présent sur les albums du Secteur Ä et apparaît sur des disques des Neg’ Marrons, de MC Janik ou de La Clinique, il se produit également aux côtés d’artistes d'autres genres, comme les Rita Mitsouko ou Julien Clerc.

Bruno Beausir, qui ne s’est jamais vraiment caché d’apprécier certains artistes de variétés, récidive en 1998 avec Liaisons Dangereuses, sur lequel il invite des gens d’horizons aussi divers que Renaud, MC Jean Gab’1 (pas encore connu à l’époque), Pit Baccardi (lui aussi très marginal dans la mouvance rap) ou même l’ancien wonderboy et taulard Bernard Tapie avec lequel il compose un duo surréaliste sur le titre « C’est beau la vie ». Enregistré dans le studio personnel de Catherine Ringer et Fred Chichin, l’album met un certain temps à se concrétiser du fait des vols incessants de matériel et du désordre provoqué par les rappeurs. Cette collaboration difficile est à l’origine de certains propos amers et acerbes de Fred Chichin au cours des dernières années de sa vie, écoeuré par l’attitude des rappeurs, la violence de leurs textes et de leur comportement.

L’album rencontre encore une fois le succès et l’audacieux buzz marketing constitué par la présence de « Nanard » Tapie vaut à Gynéco une publicité inespérée. Désormais, le public est habitué aux apparitions publiques de ce grand tout mou, au regard vague et au phrasé lent qui, malgré tout, respire la sympathie et réconcilie une partie du public avec le rap.

Changement de secteur

En 1999, Doc Gynéco annonce son départ du Secteur Ä avec fracas suite à une tentative d’extorsion avec violence dont il aurait été victime de la part de Kenzy et de ses proches. Cette affaire, bientôt confirmée par d’autres membres du Ministère A.M.E.R., qui affirment avoir subi de semblables pressions, signe le début du déclin pour le Secteur Ä et son manager, lequel se voit reprocher de gérer son label à la manière d’un Suge Knight français et de ne pas hésiter à recourir à quelques gros bras pour ramener les rappeurs sur le départ dans le rang. Cette affaire n’a, cependant, pas de suites judiciaires.

Quality Street, enregistré à Londres, marque un net tournant dans la carrière du rappeur. S’éloignant du hip-hop et se rapprochant de la soul, du zouk, voire de la variété, Gynéco collabore avec des personnalités aussi diverses que Chiara Mastroianni, Gregory Isaacs, RZA (du Wu-Tang Clan) ou Laurent Voulzy. Bien plus doux que tout ce qu’il a produit jusqu’alors, Quality Street est qualifié de trahison du rap par la presse spécialisée, mais se vend bien, même s’il coïncide avec le début des soucis d’argent du Doc qui les confesse dans la chanson « Je sais pas remplir ma feuille d’impôts ».

En 2002, Bruno Beausir sort coup sur coup son quatrième album, Solitaire (qui se paye quelques invités de luxe comme Stomy Bugsy ou -M-) et un premier livre, Le Dico du Doc. Personnalité incontournable de la scène hip-hop et des médias, Gynéco est alors présent aussi bien dans les studios d’enregistrement pour des collaborations avec des artistes comme Lord Kossity ou Laurent Voulzy, que sur les plateaux de télévision où il joue à merveille – mais jusqu’à l’écoeurement – son rôle de grand dadais dragueur et enfumé.

Après le Ministère, le Président

Toutefois, les affaires ne marchent plus pour Bruno Beausir qui, malgré l’écriture de quelques titres pour les bandes originales de chefs d’œuvre impérissables du septième art comme Taxi 3 ou Gomez et Tavarès, prend le bouillon avec Menu Best Of, son cinquième album, dont l’échec pousse Virgin à rompre son contrat avec le chanteur. Subissant d’un coup les conséquences de sa baisse de popularité, le Doc se voit également infliger une forte amende de plusieurs centaines de milliers d’euros pour fraude fiscale en 2006.

Quant à son deuxième livre, Un homme nature et le documentaire In Bed With Doc Gynéco, ils ne sont, au mieux, que des succès d’estime. Mais le hallali final ne vient que quelques mois plus tard lorsque le rappeur révèle publiquement son soutien à l’UMP et son soutien au candidat Nicolas Sarkozy. Être de droite dans un certain show-business étant à peu près aussi bien vu qu’être porteur d’une maladie vénérienne particulièrement dégoûtante, le chanteur se voit collé le dos au mur par une immense partie de ses camarades et quasiment sommé de venir s’expliquer à la télévision. Ce retour médiatique modifie totalement son image publique car, à plusieurs reprises, le Doc réagit face à des attaques souvent agressives avec une certaine virulence, à des années-lumières du personnage « cool » qu’il représentait jusqu’alors.

Le personnage de Nicolas Sarkozy étant très peu populaire auprès d’une grande partie du public potentiel de l’artiste, plusieurs de ses prestations publiques sont chahutées, voire annulées. Un véritable suicide médiatique pour Doc Gynéco à qui une image de « vendu » colle depuis lors à la peau. C'est dans ce climat que Doc Gynéco effectue une rentrée 2008 chargée.

Le Doc, devenu le personnage central du roman Le Marché des amants de Christine Angot racontant leur liaison, revient amaigri de vingt kilos présenter son album Peace Maker où son art de la nonchalance le dispute à quelques provocations. Le disque produit par Mosey (fils du président Nicolas Sarkozy) comporte entre autres amabilités un duo avec Johnny Hallyday (sur son « Je suis né dans la rue ») et une réponse à Ségolène Royal (« Céleste » ). De quoi alimenter la polémique et entretenir son image de bad boy... sympathique.

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