The Roots

Naissance

Philadelphie, Pennsylvanie, United States

Biographie

Le super groupe de Philadelphie avait probablement un peu tôt pris le surnom des légendaire The Roots, mais il représente désormais une valeur sûre du monde du hip-hop, sans cesse innovant mais toujours fortement ancré dans l'éthique de départ, à savoir proposer un produit musical profondément original, vidé des contingences commerciales et faisant la part belle aux pionniers dès que l'occasion se présente. Des mélomanes hors pairs doublés de techniciens incomparables et de véritables historiens de la musique. Après leur chef d'oeuvre Things Fall Apart en 1999, le collectif de la Côte Ouest mené par Ouestlove et Black Thought propose d'autres albums prisés des amateurs de rap, soul et jazz comme Phrenology (2002), Game Theory (2006) ou How I Get Over (2010). La même année sort Wake Up! avec John Legend. En 2011, le treizième opus Undun est le premier opus conceptuel du groupe. En 2013, le groupe moins le chanteur Black Thought s'associe à Elvis Costello pour l'album hybride Wise Up Ghost. ...And Then You Shoot Your Cousin réunit la famille en 2014 pour un nouveau disque concept.

Le noyau dur du groupe est composé de Tariq Trotter dit Black Thought au microphone et Ahmir Thompson dit Ouestlove Thompson à la batterie, camarades de classe à la Philadelphia High School for Creative and Performing Arts. Ils se produisent au départ à l'école ou bien dans la rue, et s'adjugent bien vite les services d'un bassiste Josh Abrams appelé The Rubberband, qui les abandonne aussitôt pour former son propre groupe de jazz, le Josh Abrams Quartet. Ils recrutent un nouveau bassiste par la suite, Leonard Nelson « Hub » Hubbard, un clavier, Scott Storch, ainsi qu'un nouveau rappeur Malik Abdul Basit-Smart, plus connu sous le nom de Malik B.

Organiques

Ils commencent à tourner sur Philadelphie entre 1992 et 1993 et décident de s'envoler vers l'Europe afin de développer leur base de fans. Ils vivent à Londres et se produisent sur toutes les scènes des villes européennes que leurs pieds foulent, faisant naître la légende de véritables forcenés des prestations musicales live. Lorsqu'ils ne sont pas en train de montrer leurs talents lors de concerts, ils enregistrent des morceaux pour ce qui est censé faire office de maquette, les regroupant tous pour l'album Organix. Ils n'ont probablement pas prévu d'en vendre quasiment 150,000 copies, ce qui provoque forcément l'intérêt des maisons de disques.

Vous en voulez plus ?

Le groupe signe sur DGC Records, label plutôt réputé pour ses artistes versés dans le grunge, et ils rentrent tous à la maison le contrat sous le bras mais bien décidés à montrer à l'Amérique de quoi ils sont musicalement capables. Un premier EP « From The Ground Up » en 1994, suivi d'un plus long « Do You Want More?!!!??! » en 1995 reprenant certains des morceaux du EP, ne font guère de vagues soniques, mis à part dans les milieux des amateurs de vibrations fraîches. Ainsi que parmi les fans de rock alternatif, le groupe convertissant bon nombre d'oreilles lors du festival Lollapalooza de la même année. Il faut dire que l'album faisait la part belle à l'improvisation vocale et musicale, avec une présence non négligeable de beatbox, élément pauvre du hip-hop.

Numéros

C'est sur ce premier album qu'ils entreprennent leur comptage de morceaux, s'arrêtant alors au numéro 17. Ils sont particulièrement pointilleux quant à cette numération, repartant en arrière lors de compilations ou reprenant le numéro originel de l'album dans leurs versions live. Ils sont pour le moment arrêtés au numéro 142.Ils collaborent également fin 1994 à la compilation Red Hot + Cool afin de glaner des fonds pour la recherche contre le sida, et apparaissant en compagnie de Roy Ayers sur Proceed II.

Changements

Scott Storch les quitte alors pour poursuivre une carrière qui se révèlera plutôt fleurissante, rejoignant le roster de producteurs de Dr. Dre et à l'origine de quelques tubes pour ce dernier. Il continuera cependant à alimenter les Roots dès que ceux-ci en ressentent le besoin. Ils le remplacent vite par Kamal Gray, qui se plaît immédiatement et assure toujours la fonction de clavier aujourd'hui.

Famille musicale

Le succès arrive partiellement l'année suivante avec le nouvel album Illadelph Halflife, The Roots bénéficiant alors de leur premier appui médiatique avec MTV qui passe en boucle leur vidéo de « What They Do », remplie des clichés brillants et matérialistes déjà véhiculés dans toutes les autres vidéos de rap. Une place dans le Top 40 du Billboard vaut bien la colère ou le mépris de tous les autres acteurs en vogue du mouvement se sentant visés par le texte. Cet album, même s'il est nettement plus sombre que le précédent, est également l'occasion de découvrir un peu plus l'univers du groupe, avec des invités prestigieux qui deviendront vite une nouvelle famille musicale sous le patronyme des Soulquarians. Sont ainsi présents D'Angelo sur « Hypnotic », Common pour « UNIverse At War » ou Q-Tip avec « Ital (The Universal Side) ». Tous prêts à dévaler les nouvelles vagues d'une soul débordante de talents.

Succès mérité

Le succès véritable naît avec le nouvel opus en 1999, Things Fall Apart, considéré par beaucoup comme leur chef d'oeuvre et sur lequel plane l'influence d'un Jay Dee qui avait déjà révolutionné le monde de la musique mais personne ne l'avait encore remarqué. Disque d'Or et numéro 4 des 200 meilleures ventes du Billboard, et un premier tube bien porté par une Erykah Badu au refrain de « You Got Me », complémenté par le Grammy de la meilleure performance pour un groupe ou un duo. Cette récompense leur ouvre encore plus grandes les portes des festivals de toutes parts, prenant part au désormais légendaire Woodstock 1999. Ils offrent également leur première performance sur disque à deux futures superstars, Beanie Sigel qui rejoindra bien vite les rangs de Roc-A-Fella, et Eve ceux des Ruff Ryders.

Graines

Arrive le doute alors que The Roots n'ont jamais été aussi populaires. C'est en effet la période de la débâcle. Ils se séparent de plusieurs de leurs membres dont Malik B confronté à des addictions qui dépassent le cadre de la musique, ou encore de l'incroyable Rahzel, véritable homme orchestre avec sa seule bouche. Tandis qu'ils assurent les arrières musicales pour le Unplugged de Jay-Z, l'émission musicale retraçant les carrières des artistes de référence sur MTV. Ils sortent quand même Phrenology en 2002, stratégie payante car il termine également disque d'or. Le groupe se permet de faire découvrir un artiste totalement méconnu de la scène soul, Cody Chesnutt, et reprend un de ses morceaux qui devient « The Seed (2.0) » afin de le distinguer de la version originelle. La vidéo avec Cody et la fille de Kamal tourne en boucle sur MTV et BET. « Water », épopée sonique de près de 10 minutes, est dédié justement à Malik B et la sincérité de Black Thought résonne dans chaque rime dédiée à son ancien camarade de voix. Le guitariste Ben Kenney les rejoint également sur cet album, avant de poursuivre avec Incubus en tant que bassiste.

Solde de tout compte

Ils reprennent du service pour accompagner de nouveau Jay-Z sur son concert d'adieu au Madison Square Garden en 2003, qui peut être visionné sur le film Fade to Black. Et enfin pour célébrer les 10 ans de la sortie du premier album de l'éternel retraité sur le retour Jay-Z le 25 juin 2006 au Radio City Hall, prestigieuse scène de New York. Partis Kenney et Scratch, dernier vestige du microphone simulé à la bouche, mais remplacés par une pression toujours plus grande de la part de la maison de disque Geffen afin de remplir leurs contrats d'artistes, devant toujours vendre plus d'albums. Ainsi qu'un percussionniste en la personne de F. Knucles, Kirk Douglas également connu sous le nom de Captain Kirk à la guitare, et un chanteur de talent ; Martin Luther. Ils donnent le meilleur d'eux-mêmes sur le nouvel album The Tipping Point en 2004 et semblent plutôt bien récompensés après la première semaine de ventes, écoulant 100,000 copies. Mais ils ne terminent même pas disque d'Or. Cela ne les empêche pas de remporter deux nominations aux Grammys de 2004, avec « Star » pour le meilleur morceau «Urbain» et « Don't Say Nuthin' » pour la meilleure performance rap. Le groupe est donc gentiment remercié et termine ses obligations contractuelles avec le double album Home Grown! The Beginner's Guide To Understanding The Roots, Volumes 1 & 2 en 2005.

Carte blanche

Ils changent donc de maison de disques utilisant leur nouvelle affinité avec le Jiggaman désormais à la tête de Def Jam, associée à une liberté inattendue, afin de rendre un superbe hommage à Jay Dee renommé J Dilla décédé un peu plus tôt. Place donc à Game Theory sorti le 29 août 2006. Jay-Z leur avait demandé d'être fidèle à leur réputation, il n'est pas déçu, obtenant une ouvre protéiforme et fortement sombre mais dont le label plutôt versé dans le rap générique à ce moment ne peut être que fier et brandir tel un étendard de créativité. Les ventes ne sont forcément pas à la hauteur de l'oeuvre qui s'inscrit en porte à faux de toute logique mercantile mais les Roots auront usé à fond de la carte blanche sur ce dernier album. Ils obtiennent deux nouvelles nominations aux Grammys de 2007, celle de meilleur album rap et de meilleur morceau rap pour un groupe ou duo avec « Don't Feel Right ».

Sens du retour

Le groupe annonce le 31 août 2007 au grand regret de tous qu'ils se séparent de leur bassiste de toujours, Hub se retrouvant soulagé de ne plus vivre dans un bus de tournée entre deux villes. Il est remplacé en studio et sur scène par Owen Biddle. Malik B était entre temps revenu à ses esprits et parmi les autres membres du groupe.Entre deux marathons sur scène,Love trouve quand même le temps de réunir ses troupes en studio afin de réfléchir à de nouveaux concepts musicaux. Un nouvel album sort donc le 29 avril 2008, jour du 16ème anniversaire des émeutes ayant succédé au tabassage musclé de Rodney King. Un premier extrait, « Birthday Girl » avec Patrick Stump de Fall Out Boy, surprend tout le monde de par sa légèreté, à laquelle plus personne n'était habitué de la part de ce groupe sans concession sonique. Il est vite uniquement disponible qu'en téléchargement sur iTunes ou alors en tant que bonus track sur les pressages hors Etats-Unis. L'ambiance est toujours aussi chargée en sons lourds, nettement plus synthétiques que d'habitude.

Communauté virtuelle

The Roots ne sont pas que des musiciens infatigables. Ils sont également à l'origine de bon nombre d'initiatives, toujours en rapport avec la musique. Ce sont par exemple les premiers à lancer une labellisation musicale, usant désormais de la griffe okayplayer pour désigner tout ce qui est proche de l'univers musical du groupe. Ils développent ainsi à travers le site okayplayer.com une véritable communauté en ligne d'artistes en herbe guidés pas les conseils prodigues d'un Love fort en verve et encore plus homme orchestre qu'en live avec son groupe. Ils ne sont également pas indifférents aux appels du pied des cinéphiles de tous bords. Le groupe tout entier se retrouve en effet grimé en Noirs dans Bamboozled en 2000, farce de Spike Lee filmée en DV narrant les pérégrinations mentales d'une équipe d'auteurs pour la télévision faisant revivre le passé peu glorieux de la société américaine lorsque les Noirs étaient joués par des Blancs maquillés.

Messages

Ils essaient d'apparaître dans des films diffusant un message comme le concert filmé par Michel Gondry Block Party, et organisé par Dave Chappelle le 18 septembre 2004, réunissant tous les proches de l'univers rootsien. Les membres du groupe jouent leur propre rôle dans Brooklyn Babylon en 2001, critique sociale des clichés ethniques freinant bien souvent les relations entre personnes d'obédiences différentes, avec Black Thought dans le premier rôle. Ou encore Chasing Liberty en 2004 avec Mandy Moore, déjà plus anecdotique. Plus récemment on leur doit From the Mouthpiece on Back, un documentaire éveillant les consciences à propos d'une fanfare de La Nouvelle-Orléans.

Sur tous les fronts

Ils sont sur tous le fronts, réguliers des plateaux télés, apparaissant dans le show politique très satirique de Steven Colbert par exemple ou encore le Dave Chappelle Show avant que le comique ne refuse l'offre de 50 millions de dollars de Comedy Central afin de poursuivre sur la chaîne câblée. Ou encore organisant chaque année un concert attirant toutes les stars la veille des Grammys.Love est également en train de se faire un nom dans le monde de la nuit, profitant des tournées incessantes de son groupe pour arpenter les clubs de tous horizons et y diffuser les rares grooves issus de ses bacs à disques magiques.

Au début de l'été 2010, alors que le collectif semblait avoir cessé ses activités avec Rising Down (2008), paraît le surprenant How I Get Over. Sur ce neuvième album studio, et à contre-courant du rap bling-bling de leurs confrères, The Roots continue de proposer avec pertinence une mixture subtile et sans concession aux modes faite de jazz, soul et de rap, avec un soupçon de rock indépendant. How I Get Over bénéficie de la présence d'artistes aussi divers que Blu, l'Islandaise Patty Crash, Joanna Newsom (à travers un sample), Monsters of Folk (pour le premier titre extrait, « Dear God 2.0 »), et l'ami de longue date Dice Raw. La même année, le combo sert d'accompagnateur de luxe à l'album Wake Up! de John Legend.

The Roots est de retour en décembre 2011 avec Undun. Ce treizième opus est le premier basé sur un concept, en l'occurrence l'histoire semi-fictionnelle de Redford Stephens, un ingénieur promis à une belle carrière qui voit sa vie tourner au cauchemar après un mauvais coup. Sufjan Stevens, auteur d'une chanson qui a inspiré le groupe, se joint aux autres collaborateurs de l'album (Big KRIT, Phonte, Dice Raw, Bilal...) dont le premier extrait s'intitule « Make My ». Après avoir rencontré Elvis Costello sur le plateau du Jimmy Fallon Show télévisé dont The Roots assure l'intendance musicale, le groupe moins le chnateur Black Thought enregistre l'album Wise Up Ghost avec le rocker britannique. Lancé en octobre 2013, le projet hybride concilie deux univers très différents.

Pour ...And Then You Shoot Your Cousin en 2014, The Roots renoue avec un album conceptuel qui comporte cette fois plusieurs personnages. L'un d'eux étant incarné par Raheem DeVaughn.