Spinal Tap
Naissance
United Kingdom
Biographie
Pour commencer une précision de taille s’impose : Spinal Tap n’existe pas ! Du moins, Spinal Tap est un groupe largement fictif, avec une discographie et une biographie fictives ; mais c’est aussi un groupe parodique, qui a donné quelques concerts pour de vrai et sorti deux disques*. Les musiciens sont la vedette d’un documentaire-fiction (ou « rockumentaire »), This is Spinal Tap, tourné en 1984. Spinal Tap est certes un groupe virtuel, dont l’édifiante biographie n’est pas si éloignée de certaines formations de hard rock et de heavy metal. Pêle-mêle, on y retrouve des éléments qui rappellent tour à tour les groupes de rock psychédélique aux noms interminables et aux chansons dramatiquement naïves, mais aussi Motörhead (pour le tréma… placé sur le N de « Spinal Tap »), Black Sabbath, Deep Purple, Whitesnake et bien d’autres. Vous voilà prévenus : ce qui suit est la bio officielle du groupe... c’est-à-dire une bio purement fictive.
A l’origine de la formation de Spinal Tap, on retrouve les Anglais David St Hubbins et Nigel Tufnel qui, dès 1964, partagent goûts musicaux, talent, et groupies. Leur groupe The Originals (« Les originaux ») ayant déjà un éponyme, les voilà obligés de changer plusieurs fois de nom jusqu’au recrutement du bassiste Ronnie Pudding et du percussionniste John « Stumpy » Pepys. Ils deviendront alors les Thamesmen (« Les hommes de la Tamise »). C’est sous ce nom qu’ils sortent deux hits mineurs dans les charts, mais néanmoins respectables : « Gimme some money » (« File-moi du fric ») ainsi que « Cups and Cake » (« Tasses et gâteau »).
Lors de la tournée en Grande-Bretagne qui suivra, travaillant sa légende, le groupe change plusieurs fois de nom pour choisir finalement Spinal Tap. Et d’embaucher le pianiste Denny Upham. Peu de temps après, Ronnie Pudding quitte (pour des raisons personnelles, semble-il) la formation pour fonder les Pudding People, encore aujourd’hui en activité, et récemment très remarqué au festival alternatif coréen « Another Voice ». Il est remplacé par le talentueux Derek Smalls un ancien des Dead Spiral Zapruder Visual Trip.
En 1967, le single « Listen to the flower people » (« Ecoutez le peuple fleur ») sort. Il est repris dans l’album Listen to the flower people and other favorites qui devient disque d’or et aboutit à la tournée mondiale « Flower people tour ». Le single suivant « We are all flower people » n’aura malheureusement pas le succès escompté. En crise artistique et humaine, le groupe licencie Denny Upham et embauche Ross MacLochness. Leurs singles suivants : « Matchstick men » (1968) et « Silent but deadly » (1969). Succès immédiat, les envolées du nouveau pianiste évoquant les géniaux et interminables solos clavier des Doors.
Mais la fatalité sinistre et moqueuse s’acharne encore sur le groupe, avec la mort étrange (certains parleront de conspiration comme pour Janis Joplin, Hendrix, ou Morrison) de Pepys pendant qu’il jardinait. Il sera remplacé par Eric « Stumpy Joe » Childs et le groupe sort Brainhammer (1970), Nerve Damage (1971), et Blood to Let (1972). L’album suivant, Intravenus de Milo, constitue une première historique : il est le premier album bronze, catégorie « retour au producteur » avec plus d’un million de copies renvoyées. La provocation pré-punk du groupe n’aura, semble-il, pas fait recette… Etouffant dans le vomi d’un agresseur inconnu, Childs meurt la même année avant d’être remplacé par Peter James Bond. Celui-ci participe au nouvel album, The sun never sweats (« Le soleil ne transpire jamais », 1975). Nouvelle tournée et nouvel album live, Jap Habit.
Peu après, MacLochness et le manager Glynn Hampton quittent le groupe, remplacés respectivement par Viv Savage et Ian Faith. Le groupe poursuit alors son label (Megaphone) pour des questions de royalties. Megaphone contre-attaque, ouvrant ainsi la première jurisprudence au monde pour « manque de talent ». Malgré des relations orageuses, ils resteront fidèles à leur label jusqu'en 1977. Ils signent alors sous le label Polymer Records, avant d’être frappé par une nouvelle tragédie : sur scène, Peter James Bond meurt, victime de combustion spontanée. Il est remplacé par Mick Shrimpton, qui participera à leur album Shark Sandwich (« Sandwich au requin ») en 1980. Nouveau hit, « Sex farm », suivi d’une tournée européenne. Le public américain s’estime lésé, mais la tournée suivante suite à l’opus Smell the glove (« Sens le gant ») sera vu comme l’occasion de réparer cette injustice.
Très vite, les concerts les plus importants sont annulés et le groupe joue dans des espaces de plus en plus confinés, devant un public de plus en plus restreint. La sortie outre-Atlantique de Smell the glove est un temps repoussée, et sa pochette pornographique remplacée par un noir uni. Hubbin et Tufnel se déchirent alors autour de divergences artistiques majeures. Le manager Faith est renvoyé, pour être remplacé par Jeanine Pettibone, la petite amie de Hubbin. Ses méthodes de gestion feront envisager au groupe la retraite après le départ de Tufnel.
Finalement, Faith et Tufnel rejoignent le giron de Spinal Tap. Même la combustion spontanée du batteur Mick Shrimpton ne viendra pas perturber cette unité retrouvée. Il est remplacé par Joe « Mama » Bessemer, depuis en cavale après la mystérieuse et soudaine disparition du matériel du groupe. En cette année 1984, un documentaire retrace l’histoire de ce groupe que l’on dit, en coulisses, maudit : This is Spinal Tap restera – par sa sobriété et sa décence face au multiples tragédies qui ont frappé ces enfants fous du rock meurtris par le destin – un des meilleurs documentaires rock jamais réalisés.
Hélas ! cela ne suffira pas à reformer le groupe : Hubbin épouse Jeanine Pettibone et ouvre une clinique pour footballeurs ; Tufnel retrouve Londres et entame une carrière d’inventeur. Smalls rejoint quant à lui le groupe folk chrétien Lamb’s Blood (« Le sang de l’agneau »). Savage et Faith disparaissent peu de temps après, dans des circonstances troubles. Spinal Tap aura pourtant marqué toute une génération de rockers avec… heu… En fait, non Spinal Tap, n’aura pas marqué grand monde, hormis un chroniqueur judiciaire qui travaille sur les cas de combustion spontanée.
Le groupe continue surtout à vivre dans les imaginaires. Et ce n’est déjà pas mal…
* Les chansons du film pour le premier ; et des chansons tout aussi parodiques pour le second, avec la participation de quelques invités prestigieux : Slash des Guns’n’Roses, Cher, Joe Satriani, Jeff Beck.