The Shadows
Naissance
London, London, England
Biographie
De l’ombre de simple groupe accompagnateur du chanteur britannique Cliff Richard, à la lumière de la renommée internationale, The Shadows sont le groupe instrumental le plus renommé au monde. Ils ont, durant les années soixante, enregistré plusieurs hits planétaires (« Wonderful Land », « Apache »), et ont placé tout au long de leur carrière soixante et onze de leurs enregistrements (dont douze numéros un) aux toutes premières places des classements. L’élégance du jeu de leur soliste – Hank Marvin – a durablement marqué plusieurs générations d’apprentis guitar heros, de George Harrison à David Gilmour, en passant par Eric Clapton.
A l’origine de The Shadows furent les Railroaders, puis les Drifters, un parmi la multitude des groupes de collège de l’époque. Convaincus que l’appellation de Drifters sera, un jour ou l’autre, revendiquée par le groupe de soul américain, ils optent pour le nom de The Shadows, à la demande de leur manager Johnny Foster. Entraîné par le banjoïste, pianiste, et guitariste soliste Brian Robson Rankin, dit Hank Marvin (né le 28 octobre 1941 à Newcastle), son ami d’enfance le guitariste rythmique Bruce Welch (né le 2 novembre 1941 à Bognor Regis), s’installe à Londres en 1957. Ils sont bien vite rejoints par le batteur Tony Meehan (né le 2 mars 1943), et le bassiste Terence Hawkins, dit Jet Harris (né le 6 juillet 1939 à Kingsbury).
Rencontre
Les deux jeunes leaders rencontrent le chanteur Cliff Richard (qui lui-même était à la recherche du guitariste Tony Sheridan, qui enregistrera des chansons dispensables accompagné de The Beatles) au club Two I’s Coffee Bar de Soho, et sont engagés comme accompagnateurs de la vedette en devenir, car Marvin bénéficie d’un avantage incommensurable : il porte les mêmes lunettes que Buddy Holly. Peu satisfait du son général de son soliste, Richard lui offre sur ses propres deniers une Fender Stratocaster au vibrato inégalé, ainsi qu’un amplificateur Vox AC15 : le son des Shadows, complété par une inhabituelle basse électrique (à l’époque, on préférait généralement la contrebasse), est né. Considéré à tort comme une réponse britannique aux Américains de The Ventures, les Shadows développent en fait dès leurs débuts des harmonies beaucoup plus policées, et un style plus véloce, bien que plus mécanique.Un règne sans partage
Dès 1959, le groupe prend son envol vers le paradis des tubes : se succèdent en effet cinq numéros un (« Apache », enregistré au mois de juin 1960 au studio Abbey Road, « Kon Tiki », « Wonderful Land » - il reste 8 semaines en tête du classement, record de la décennie, Beatles y compris – « Dance On », « Foot Tapper ») et une dizaine de succès supplémentaires, qui se fraient un parcours dans le Top 10 des charts britanniques. De plus, The Shadows font danser tout le Commonwealth avec Cliff Richard (là encore, neuf numéros un), et des refrains comme « Living Doll », « The Young Ones », et l’immarcescible « Do You Wanna Dance ». Et, pour compléter le tout, la bande de joyeux drilles inscrit son nom à l’affiche de panouilles cinématographiques particulièrement rémunératrices, telles Expresso Bongo, Wonderful Land, ou The Young Ones, où les musiciens déroulent des chorégraphies sidérantes d’exagération. En 1961, Meehan est remplacé par Brian Laurence Bennett. La même année, leur album Dance With The Shadows atteint la tête des hit-parades. En 1962, le single « Wonderful Land », entraîne vers les sommets l’album Out Of the Shadows. Mais au mois d’avril, Harris quitte le groupe. Il est remplacé par Brian Licorice Locking. Le succès du groupe sur le vieux continent ne lui permet pas de construire une carrière outre Atlantique, où leur réputation reste confidentielle. En revanche, Japon et Inde lui ouvrent grands les bras.Beatles vs Shadows
La déferlante The Beatles ralentit progressivement la marche en avant de The Shadows, bien que quelques tubes (« Genie With The Light Brown Lamp », « The Minute You’ve Gone » avec Cliff Richard), ou tous leurs albums, sans exception, continuent à très bien se vendre. De même, leurs tournées rassemblent toujours autant de fans. En 1963, Locking (qui souhaite se consacrer aux Témoins de Jéhovah), est remplacé par le prolifique compositeur et bassiste John Henry Rostill. Le groupe se sépare pour la première fois en 1968, après une tournée japonaise à laquelle a participé le claviériste Alan Hawkshaw. Hank Marvin entame une carrière solo, en compagnie du guitariste et auteur compositeur australien John Farrar. Bruce Welch compose plusieurs succès pour sa compagne du moment, la chanteuse Olivia Newton-John (et en particulier le duo avec John Travolta « You’re The One That I Want », extrait de la bande originale du film Grease, et tube intergalactique). Les trois se retrouvent sous l’appellation Marvin, Welch & Farrar, pour de nouveaux disques à succès, mais connaissent quelques déconvenues en concert. Les diverses audiences s’attendent effectivement à y entendre les plus grands succès de The Shadows, et, d’après le propre aveu de Marvin, on peut entendre le bruit de leurs pas lorsqu’ils quittent la scène, à l’issue du concert, dans une glaciale indifférence.Retour
En 1973, The Shadows se reforment, augmenté de Farrar : leur album très rock Rockin’ With Curly Leads symbolise leur retour.Rostill s’électrocute malheureusement dans son propre studio d’enregistrement. Il est alors remplacé par le bassiste Alan Tarney, qui lui-même cèdera la place à Alan J. Jones. En 1975, les Anglais participent au Concours de l’Eurovision : leur chanson « Let Me Be The One » leur permet de finir à la deuxième place, et l’album suivant Specs Appeal enregistre un nouveau triomphe. Il en est de même d’un disque gravé à l’occasion d’un concert à l’Olympia de Paris. Le groupe partage ensuite son activité en enregistrements en son nom propre (20 Golden Greats-numéro un en 1976, et premier disque au monde à avoir bénéficié d’une publicité télévisée, Tasty-1977), en tant que backing-band de Cliff Richard (Thank You Very Much, album live), et dans le cadre d’albums en solo (Hank Marvin retrouve alors avec bonheur le chemin des studios). Les tournées se succèdent (incluant le claviériste du groupe instrumental Sky Francis Monkman). En 1979, l’album String of Hits s’écoule à un million de copies, et les singles (dont une version instrumentale de « Don’t Cry For Me Argentina ») se succèdent avec la même trajectoire vers les sommets.