Louis Jordan
Nom de naissance
Louis Thomas Jordan
Naissance
8 Juillet 1908, Brinkley, Arkansas, United States
Biographie
Grâce à son style « jive » survolté, le saxophoniste Louis Jordan (1908-1975) est considéré comme l'un des précurseurs du rythm'n'blues et du rock'n'roll. Très populaire dans les années 1940, le leader du Tympany Five gagne le surnom de « roi du jukebox » car il est l'un des rares artistes noirs à voir son nom inscrit à la fois dans les charts américains R&B et pop. De grands succès tels que « Caldonia » (1945), « Choo Choo Ch' Boogie » et « Ain't Nobody Here But Us Chickens » (1946) ou « Saturday Night Fish Fry » (1949) sont entrés dans l'histoire. Son style plein de swing et de bonne humeur (« Let the Good Times Roll ») a fait danser plusieurs générations et s'est vu souvent copié. Honoré par des duos avec Louis Armstrong, Ella Fitzgerald ou Bing Crosby, Louis Jordan continue à enregistrer et tourner jusqu'à un âge avancé mais des problèmes de santé nuisent à sa carrière qui décline dès les années 1950. Cette influence majeure dans l'évolution de la musique populaire fut intronisé au Rock & Roll Hall of Fame en 1987.
Né dans une famille de musiciens, Louis Jordan pousse son premier cri le 8 juillet 1908 à Brinkley, dans l'Arkansas.
Celui qui va révolutionner la musique de son temps commence à chanter très tôt dans la troupe itinérante des Rabbit Foot Minstrels. Multi instrumentiste doué pour le piano, la clarinette et le saxophone, il abandonne ses leçons et part s'installer à Philadelphie en 1932. Sur place, il rencontre le pianiste Clarence Williams. Étalbi à New York, il réussit en 1936 à se faire engager dans l'orchestre du batteur Chick Webb où il officie durant deux années en tant que saxophoniste et chanteur lors des soirées enflammées du Savoy Ballroom. Certains soirs, il fait quelques duos avec une débutante nommée Ella Fitzgerald.
Devenu un leader accompli, Louis Jordan forme son propre orchestre constitué au départ de neuf musiciens formés par le rival de Harlem, Jesse Stone (tandis qu'Ella Fitzgerald prend les rênes de celui de Chick Webb, décédé en 1939). Avec son groupe réduit à sept puis cinq membres et baptisé successivement The Elks Rendez-Vous Band et The Tympany Five, Louis Jordan signe avec le label Decca en 1938. L'orchestre connaîtra plusieurs changements et incluera notamment les pianistes Wild Bill Davis et Bill Doggett ainsi que le saxophoniste Kenneth Hollon et le trompettiste Freddie Webster.
Les premiers enregistrements de Louis Jordan and His Tympany Five incluent « Keep-A-Knockin' » et « You Run Your Mouth, I'll Run My Business ». Leur engagement au Capitol Lounge en 1941 va véritablement lancer une carrière jonchée de hits. Entre 1942 et 1951, Louis Jordan totalise 57 titres classés dans les charts dont 20 numéros un. Le chanteur et leader va surtout dessiner les contours du rhythm'n'blues et du rock'n'roll par des faces de 78 tours survoltées pour l'époque, privilégiant les chorus de saxophone et les formules choc. Un style que Bill Haley reprendra à son compte sur le même label.
Pour l'heure, Louis Jordan est à la fête et savoure les succès de « G.I. Jive » qui défraie les charts pop en 1944, suivi par « Caldonia », devenu l'un de ses grands standards, puis « Buzz Me ». L'année 1946 est prolifique avec les n°1 R&B « Choo Choo Ch' Boogie » (dix-huit semaines au top), « Ain't That Just Like a Woman » et « Ain't Nobody Here But Us Chickens ». Louis Jordan est avec Nat « King » Cole l'un des rares artistes noirs à percer dans les charts pop, voire country (« Is You Is or Is You Ain't (My Baby) »). Sa faconde et sa bonne humeur déteignent facilement sur un public dansant au son du « jumpin' jive ».
Louis Jordan maintient le rythme jusqu'en 1950 avec une nouvelle succession de numéros un : « Boogie Woogie Blue Plate » (1947), « Run, Joe » (1948), « Beans and Corn Bread » et « Saturday Night Fish Fry » (1949) puis « Blue Light Boogie » (1950) sont abondamment diffusés en radio, au même titre que ses duos avec Ella Fitzgerald, « Stone Cold Dead in the Market » et « Baby, It's Cold Outside ». Le chanteur apparaît au cinéma dans Follow the Boys et d'autres films courts, ancêtres des clips vidéo.
Les années 1950 voient la carrière de Louis Jordan décliner. Ses problèmes de santé n'en sont pas l'unique raison, il faut y ajouter l'usure d'une formule dans une époque qui change avec en point de mire l'avènement du rock'n'roll, un genre auquel il a paradoxalement ouvert la porte. Limogé par Decca en 1954 après le comique « Jordan for President », il continue d'enregistrer de belles faces pour Aladdin (« Messy Bessy ») et RCA (le sensé « Rock'n'Roll Call ») et effectue quelques tournées jusqu'en Europe.
En 1956, aidé par Quincy Jones, il fournit de nouveax hits à Mercury, le séminal « Let the Good Times Roll » que reprendra son premier fan B.B. King, et « Beware » (Mickey Baker à la guitare). Dans les années soixante, un autre fan déclaré, Ray Charles, signe Jordan sur son label Tangerine. Diminué par la maladie, il signe un dernier album pour le label français Black & Blue, I Believe in Music (1973). Louis Jordan s'éteint le 4 février 1975 à Los Angeles.
De nombreuses compilations et divers hommages ont célébré l'oeuvre de ce visionnaire qui a fait passer le jazz des big bands à l'heure du rock'n'roll. Intronisé au Rock & Roll Hall of Fame en 1987, Jordan fait l'objet de la comédie musicale Five Guys Named Moe joué de Londres à Broadway dès 1990 et encore à l'affiche en 2010. Joe Jackson et B.B. King lui ont rendu hommage à quelques années de distance.