Ivry Gitlis

Naissance

25 Août 1922, Israel

Biographie

Violoniste à part dans le monde de la musique classique, Ivry Gitlis a su fédérer un large public et convaincre la critique et les musiciens par son jeu atypique et sa personnalité charismatique. Né de parents ayant fui la Russie pour émigrer à Haïfa, alors en Palestine mandataire, Isaac Gitlis voit le jour le 25 août 1922 et découvre le violon à l'âge de cinq ans. Accompagné dans son apprentissage par des professeurs renommés dont Zvi Zeitlin et Mira Ben-Ami, élève de Joseph Szigeti, il obtient de Bronislaw Huberman une bourse pour étudier à Paris avec Marcel Chailley, puis à Londres avec Carl Flesch. De retour à Paris, il entre au conservatoire, dans la même classe que Ginette Neveu, suivre l'enseignement de George Enesco et Jacques Thibaud. En 1940, il embarque pour Londres, travaille dans une usine de munitions et joue pour les forces alliées, avant de faire ses débuts avec l'Orchestre philharmonique de Londres et la BBC. Après sa participation au Concours Long-Thibaud en 1951, où il termine cinquième, Ivry Gitlis part aux États-Unis et y rencontre Jascha Heifetz. Avec l'aide du manager Sol Hurok, il effectue des tournées américaines avec les chef d'orchestre Eugene Ormandy et George Szell. Il enregistre pour le label Vox des interprétations d'oeuvres qui entrent dans l'histoire, comme le concerto pour violon À la mémoire d'un ange d'Alban Berg, Grand-Prix du disque en 1954, puis ceux de Tchaïkovsky, Mendelssohn, Stravinsky, Bruch et Sibelius. En 1955, l'album incluant le Concerto pour violon n° 2 et la Sonate pour violon de Bartok reçoit le titre d'enregistrement de l'année décerné par le New York Herald Tribune. Premier violoniste israélien à se produire en URSS en 1963, le virtuose retrouve ensuite Paris entre ses tournées mondiales et participe en 1968 au Rolling Stones Rock'n'Roll Circus. Il se fait l'ambassadeur de compositeurs contemporains tels René Leibowitz, Roman Haubenstock-Ramati, Bruno Maderna, Iannis Xenakis ou Charles Harold Bernstein, et apparaît dans des films comme L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut (1975) et Des gens qui s'embrassent de Danièle Thompson (2013). Invité récurrent du Grand échiquier de Jacques Chancel à la télévision, il fonde en 1972 le Festival de Vence et se produit avec la pianiste Martha Argerich. Figure populaire de la musique classique, Ivry Gitlis est nommé Ambassadeur de bonne volonté à l'Unesco en 1990, anime des master-classes et ne cesse de se produire en concert avec l'un de ses violons Stradivarius. Père de quatre enfants, ses deux fils David et Jonathan Gitlis font partie du groupe de rock Enhancer. Atteint par la pandémie de Covid-19, Ivry Gitlis décède à Paris le 24 décembre 2020 à l'âge de 98 ans.

La ville d'Haïfa qui voit naître Ivry Gitlis le 22 août 1922 (ou 25 août selon d'autres sources) est alors placée sous la tutelle du mandat britannique en Palestine avant la proclamation de l'état d'Israël en 1948. Ses parents originaires d'Ukraine se sont rencontrés le jour de leur départ pour la Palestine. Son père, un modeste artisan, lui offre pour ses six ans le violon tant réclamé par le fils unique.

En quelques mois, les progrès d'Ivry Gitlis à l'instrument sont fulgurants. Parrainé par Bronislaw Huberman qui lui conseille de s'installer en Europe, le violoniste opte pour le Conservatoire de Paris. Élève de Jacques Thibaud et de Georges Enesco, il gagne ensuite Londres où il suit les cours de Carl Flesch et travaille dans une usine de munitions pendant la Seconde Guerre mondiale. Il fait ensuite ses débuts avec l'Orchestre Philharmonique de Londres à la BBC.

En 1951, Ivry Gitlis fait ses débuts en vedette à Paris puis aux États-Unis où il rencontre le grand violoniste de cette époque, Jascha Heifetz. Placé sous la coupe de l'imprésario Sol Hurok, il effectue des tournées en Union soviétique et aux États-Unis, joue sous la baguette d'Eugène Ormandy et de George Szell et commence à enregistrer. Devenu un spécialiste des concertos du XXème siècle, il interprète Alban Berg, Bela Bartok et Jean Sibelius avec bonheur. Parisien d'adoption, Ivry Gitlis doit sa popularité aux émissions de télévision comme Le Grand échiquier de Jacques Chancel où ses aptitudes pédagogiques font merveille. L'essentiel de son agenda est consacré aux concerts autour du monde et aux enregistrements en grand nombre. En 1971, le compositeur Bruno Maderna lui dédie sa Pièce pour Ivry.

Féru de musique contemporaine autant que de tradition tzigane, Ivry Gitlis fonde le festival de musique de Vence et apparaît dans des manifestations médiatisées comme le Rock and Roll Circus des Rolling Stones en 1968, un épisode des Enquêtes du commissaire Maigret en 1981, les films Histoire d'Adèle H. (1975) de François Truffaut, La Septième cible de Claude Pinoteau dans son propre rôle (il interprète un concerto de Vladimir Cosma), Les Cachetonneurs (1998) de Denis Dercourt, Sansa (2003) de Siegfried et Des gens qui s'embrassent (2012) de Danièle Thompson.

Ivry Gitlis est ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO depuis 1990. En 2013, il publie L'Âme et la corde (Buchet-Chastel). Deux des enfants de son union avec Denise Glaser, David et John, ont formé le groupe de rock Enhancer.