France Gall
Nom de naissance
Isabelle Geneviève Marie Anne Gall
Naissance
7 Octobre 1947, France
Biographie
Fille du parolier Robert Gall, France Gall (née Isabelle Gall, Paris, 9 octobre 1947 - Neuilly-sur-Seine, 7 janvier 2018) prend le relais familial et devient une idole de la période yéyé avec des succès comme « Ne sois pas si bête » ou « Sacré Charlemagne ». Sous la plume de Serge Gainsbourg, son style gagne en consistance avec les titres « Laisse tomber les filles », « N'écoute pas les idoles » ou « Poupée de cire, poupée de son », qui remporte le Grand Prix du Concours Eurovision de la Chanson, pour le Luxembourg, en 1965. L'année suivante la voit interpréter « Les Sucettes », qui crée la polémique. La chanteuse collabore avec d'autres auteurs-compositeurs avant de rencontrer Michel Berger, qui lui écrit un répertoire sur-mesure à partir de « La Déclaration » (1974). Pendant près de deux décennies, tous deux vont former le couple modèle de la chanson française et un tandem à tubes (« Ça balance pas mal à Paris », « Musique », « Si maman si ») dont le point d'orgue est la comédie musicale Starmania, créée sur scène en 1978. Les années 1980 apportent d'autres moissons de succès avec les titres « Tout pour la musique », « Il jouait du piano debout », « Résiste », « Cézanne peint », « Hong-Kong Star », « Elle elle l'a » et « Babacar ». Le décès de Michel Berger, en 1992, interrompt cette collaboration et laisse France Gall sans voix. Retirée des studios, elle participe à quelques tours de chant en 1994 puis en 1997. Cette année-là, le destin la frappe à nouveau lorsqu'elle perd sa fille Pauline. De plus en plus rare, elle ne réapparaît que parcimonieusement en public. En 2015, elle soutient la création de sa comédie musicale Résiste, chantée au Palais des Sports par de jeunes talents. Son décès d'un cancer le 7 janvier 2018, à l'âge de 70 ans, donne lieu à une succession d'hommages.
France Gall naît le 9 octobre 1947 à Paris. De son véritable prénom Isabelle, elle garde des souvenirs d'enfance auréolés de musique. Son grand-père, Paul Berthier est co-fondateur d'une institution, Les Petits Chanteurs à la Croix de bois. Son père, Robert Gall est aussi un homme du métier. Il a entre autres travaillé pour Edith Piaf et Charles Aznavour.
À l'âge de seize ans, Isabelle devient France sous la houlette de Denis Bourgeois, un éditeur musical. Elle enregistre en compagnie de son père un premier 45 tours « Ne sois pas si bête ». France Gall, jeune fille en fleur, blonde comme les blés, devient une des idoles yéyé. 1964 : Elle enchaîne les 45 tours, « N'écoute pas les idoles », « Laisse tomber les filles » ou « Sacré Charlemagne ». Cette envolée, France Gall la doit entre autres à Serge Gainsbourg, Pygmalion d'autres artistes féminines à succès. France Gall n'amène rien de révolutionnaire à la vague yéyé mais elle a le mérite de chanter des textes inédits.
France Gall envoûte le public grâce à sa voix de crécelle, son charme mutin et ses ritournelles. A tel point qu'elle remporte en 1965 grâce à la chanson « Poupée de cire, poupée de son » le grand prix de l'Eurovision ! Seulement, France Gall a-t-elle vraiment son coeur gravé dans ses chansons ? Il semble qu'elle reste à l'étroit d'un répertoire qui ne lui ressemble pas. « Les Sucettes » à double facette de Serge Gainsbourg ne font pas couler de sucre d'orge. Lorsque France Gall s'aperçoit de la célèbre manipulation textuelle de son mentor, elle prend le parti de quitter ce giron tendancieux. Elle y retourne quelques années après, en 1972 espérant tout de même retrouver deux ou trois bonnes chansons gainsbouriennes. Le maître lui écrit « Frankenstein » et « Les Petits ballons ». Sans succès.
À la fin des années 1960, France Gall semble dans l'impasse artistique. En 1967, elle renoue alors avec le registre enfantin. Après « Sacré Charlemagne », elle chante « Bébé requin » : « Je suis un bébé requin, au ventre blanc, aux dents nacrées ». Mignon tout plein. Sauf que le public se tourne déjà vers d'autres poupées. France Gall quitte alors son label Philips afin de rejoindre La Compagnie, née de l'association d'Hugues Aufray, Nicole Croisille et Michel Colombier. Elle travaille auprès d'auteurs prestigieux : Jacques Lanzmann (« C'est cela l'amour »), Boris Bergman (« Les Années folles ») ou Julien Clerc (« Chasse-neige »), son compagnon de l'époque.
1974 : France Gall connaît donc ce qu'on appelle le creux de la vague. Son talent a été pour le moins sous-exploité. Elle fait alors la rencontre de sa vie : Michel Berger. Celui-ci accepte d'abord de lui donner des conseils. Un jour, il lui amène la chanson tant attendue : « La Déclaration ». France Gall a trouvé son langage. « Deux ou trois mots de tous les jours et c'est tout » chante-elle.
En 1975, elle enregistre son premier album éponyme. Le public découvre qu'à défaut d'être auteur-compositeur, France Gall possède un indéniable talent d'interprète. Sa voix semble désormais chaude et mature. Oublié le ton criard des débuts. Cette année-là, elle chante également en duo avec Michel Berger. « Ça balance pas mal à Paris » est extrait d'Emilie ou la petite sirène, un show télévisé produit par les Carpentier.
1977 : Dancing Disco. Ce second album oscille entre tempos dansants (« Musique ») et ballades tristes (« Si maman si »). L'année suivante, France Gall se produit enceinte au Théâtre des Champs-Elysées. Elle prend conscience de la scène, elle qui a déjà quinze ans de carrière ! À la fin des années 1970, elle incarne l'inoubliable Cristal de Starmania. France Gall a tout de l'artiste comblée tout en restant à l'écart du show-bizz.
Les années 1980, elle cumule les standards via deux albums : Paris France (1980) et Tout Pour la Musique (1981). Inoxydables « Il jouait du piano debout » ou « Résiste ». Le pianiste debout dont elle parle contacte alors le couple Berger-Gall. Elton John himself enregistre un duo avec France Gall, « Donner pour donner ». Gros succès. France Gall termine ces deux années de faste par un tour de chant au Palais des Sports. Néanmoins, le bonheur fragile dont elle parle si souvent dans ses chansons, elle en fait l'expérience. Elle apprend que sa fille Pauline est atteinte de mucoviscidose. Le début d'une nouvelle vie, plus douloureuse. Un drame qui n'empêche pas de produire encore et encore de belles chansons énergiques et intimes.
L'album Débranche, sorti en 1984 abrite « Cézanne peint » ou « Hong Kong Star ». Le couple médiatique s'intéresse également à la misère du monde qui souffre en silence. Il participe au collectif Chanteurs sans frontières pour l'Ethiopie.
En 1986, le tandem Gall-Berger poursuit son action humanitaire en Afrique. Il s'engage dans le cadre d'Action-Ecole avec Daniel Balavoine. L'objectif est de venir en aide aux populations meurtries par la famine en récoltant des produits de base. Mais rien ne sera plus comme avant. Daniel Balavoine meurt dans un accident d'hélicoptère en Afrique. Cette période immergée dans le Tiers Monde aura donc particulièrement bouleversé le couple. Notamment à travers l'histoire d'une jeune sénégalaise qui demande à France Gall lors de son voyage d'adopter son bébé. La chanteuse accepte alors de l'aider et de garder un ?il bienveillant sur l'enfant. Désormais, France Gall retourne régulièrement rendre visite au fameux Babacar, resté au Sénégal.
L'album du même nom, sorti en 1987 est profondément teinté de ces influences africaines. Le disque connaît un énorme succès grâce à « Evidemment », « Elle, elle l'a » ou la sublime « Chanson d'Azima ». « Le désert avance et l'eau n'arrive pas » chante France Gall. Pourtant, le désert, elle le connaît si peu. Son Tour de France 88 fait le plein de fans.Après ce tourbillon, France Gall manifeste le désir de ne plus chanter. Probablement pour être au plus près de ses enfants. Seul un projet exceptionnel pourrait la ramener sur le devant de la scène. Michel Berger écrit et compose l'album commun Double Jeu. Symbiose absolue des voix et des c?urs. L'album tant attendu par le public annonce des refrains cultes : « Laissez passer les rêves » ou « Superficiel et léger ». Seulement, la légèreté quitte à nouveau l'air. Le 3 août 1992, Michel Berger décède brusquement d'une crise cardiaque dans sa maison du Sud de la France. Un an après, France Gall décide de faire ce qui était prévu : monter sur scène pour faire vivre les chansons de Double Jeu. Elle envahit Bercy d'une émotion impalpable. Un double live voit le jour. Une fois de plus, la musique de Michel Berger a sauvé France Gall.
« Écoute la musique (quelle consolation fantastique) » disait le chanteur. France Gall s'est depuis retirée de la vie médiatique. Néanmoins, elle a fait quelques apparitions jusque dans les années 2000. La plupart du temps sur scène, à Pleyel (1994) et à l'Olympia (1997). Partie vivre à Los Angeles en 1996, elle profite de ce voyage pour enregistrer France, un album remixé de chansons diverses de Michel Berger. Seulement, en 1997, France Gall connaît le chagrin suprême. Pauline, sa fille décède des suites de sa maladie. La vie a-t-elle encore un sens ? Elle accepte d'en parler à coeur ouvert dans un documentaire que France 3 lui consacre en 2001.
Devenue rare en interview et absente de la scène, hormis en 2000 à l'Olympia pour un duo avec Johnny Hallyday, France Gall vit retirée dans sa maison de l'île Ngor, au Sénégal. Jusqu'en 2015, quand elle participe avec le compositeur et arrangeur Bruck Dawit, à la création de la comédie musicale Résiste, présentée le 4 novembre au Palais des Sports. La chanteuse laisse alors la voix à de jeunes talents nommés Gwendal Marimoutou, Victor Le Douarec, Élodie Martelet, Corentine Collier et Léa Deleau.
Le 19 décembre 2017, France Gall est hospitalisée d'urgence à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine pour une « infection sévère ». La chanteuse âgée de 70 ans n'en sortira plus après la récidive du cancer qu'elle combattait depuis deux ans. Son décès, annoncé le dimanche 7 janvier 2018 à 10 heures du matin (un mois après celui de Johnny Hallyday), donne lieu à une succession d'hommages du milieu artistique ou de la classe politique. Elle est inhumée le 12 janvier au cimetière de Montmartre, aux côtés de Michel Berger et de leur fille.