Van der Graaf Generator
Naissance
England
Biographie
Formé à Manchester en 1967, Van der Graaf Generator tire son nom d'une machine produisant de l'électricité statique. Le premier groupe de rock progressif signé par le label Charisma Records a pour créateurs le compositeur, guitariste et chanteur Peter Hammill et le batteur Chris Judge Smith. Séparé après un seul album puis reformé en 1969, « VDGG » enregistre deux albums majeurs au succès confidentiel : The Least We Can Do Is Wave to Each Other et H to He, Who Am the Only One, suivi de Pawn Hearts (1971). Sa musique sombre et saturée a suscité nombre de vocations sans atteindre le grand public et les changements successifs de musiciens ont nui à la régularité d'un groupe séparé puis reformé à deux nouvelles reprises, en 1972 puis en 1978, après la trilogie Godbluff (1975), Still Life et World Record (1976). À nouveau réuni en 2005 autour du noyau Peter Hammill, Hugh Banton (orgue) et Guy Evans (batterie), mais sans le saxophoniste David Jackson (1969-2006), Van der Graaf Generator produit un nouvel album en 2016, intitulé Do Not Disturb. En parallèle, Peter Hammill a développé une carrière solo fructueuse, à (re)découvrir.
Rugueuse, violente et cérébrale, telle est la musique de Van der GraafGenerator. A peine connu hors du Royaume-Uni pendant sa décennied'existence, le groupe est aujourd'hui reconnu comme un acteur majeurdu rock progressif et un phénomène à part dans la production musicaledes seventies. Plus sombre que ses contemporains, saturé, rarementmélodique, le groupe a su aussi prendre des accents épiques et créerdes ambiances envoûtantes. Au final, Van der Graaf Generator a produitune musique extrêmement noire et complexe, peut-être trop pour le grandpublic.
Le groupe se forme en 1967 autour de son principal animateur, Peter Hammill. Mais il ne passera à la postérité que trois ans plus tard. D'ici là, Hammill formera un trio avec ses collègues de l'université de Manchester : Nick Pearne à l'orgue et Chris Judge Smith à la batterie et aux instruments à vent. Ce dernier trouvera son nom au groupe : le générateur Van de Graff, dont les jeunes musiciens ont mal orthographié le nom, est un appareil destiné à générer de l'électricité statique. Cette formation publiera un 45 tours, « The people you were going to », puis se séparera en 1969. Ce n'est que la première des multiples disparitions du groupe.
Peter Hammill en sera toujours le membre principal. Chanteur, pianiste, guitariste, et principal auteur, il hésitera toujours entre former un groupe et entreprendre une carrière solo. Dès 1969, il reforme Van der Graaf Generator, avec Keith Ellis à la basse, Hugh Banton à l'orgue Hammond, et Guy Evans à la batterie. Le jeu d'orgue de Banton, basé sur des recherches de sonorités, est le nouveau fer de lance du groupe. La guitare n'est plus considérée comme soliste, mais à son tour comme un moyen de défricher de nouveaux sons. L'orgue est très fortement saturé et modifié, il devient la marque de fabrique du groupe. L'album que Hammill projetait d'enregistrer en solo, The aerosol grey machine, devient la même année le premier album de Van der Graaf Generator. Keith Ellis est ensuite remplacé par Nic Potter, tandis que David Jackson rejoint le groupe. Jackson sera sa deuxième figure prédominante. Outre sa participation à l'écriture de certains morceaux, Jackson apporte au groupe son jeu démentiel de saxophones et de flûtes. Comme Banton, il axera son interprétation sur la recherche d'ambiances, et les saxophones criant de Jackson deviennent une voix de plus dans le concert angoissant de leurs titres. Après la sortie de The least we can do is wave to each other en 1970, Van der Graaf Generator a atteint une reconnaissance suffisante pour entamer une véritable carrière. Le label de Tony Stratton-Smith, « The famous Charisma label », fait bénéficier la formation d'un support comparable à celui que reçut Genesis à la même époque : liberté de choix dans les titres, illustrations délirantes, concerts expérimentaux...
Au cours de l'enregistrement de l'album suivant, H to He who am the only one, Nic Potter quitte le groupe. Il ne sera pas remplacé. Les parties de basse seront désormais jouées par les pédales de l'orgue Hammond de Banton, ce qui ne fait qu'ajouter à la sonorité baroque des morceaux. Le quatuor Hammill-Banton-Jackson-Evans restera la formation la plus fameuse de Van der Graaf Generator. Leur musique est avant tout chaotique, sombre, déstructurée, mais rigoureuse. Le spectre d'une dissolution du groupe pousse Hammill à monter ses propres projets, et la même année voit le début de sa carrière solo, d'abord parallèle à celle de Van der Graaf Generator.
Le groupe passe à la notoriété sur scène lors du Charisma Show, une tournée organisée par la maison de disques pour offrir une tribune à ses trois groupes-phare : Van der Graaf Generator, Genesis, et Lindisfarne. De l'aveu de Peter Gabriel, alors chanteur de Genesis et compagnon de route de la bande à Hammill, le groupe est encore plus sombre, plus expérimental, et plus délirant sur scène que dans ses albums studio. 1971 voit la consécration du groupe avec la sortie de son album le plus célèbre, Pawn Hearts, sur lequel figure l'épique morceau de 25 minutes « A plague of lighthouse keepers ». Van der Graaf Generator ajoute à ses influences un soupçon de musique baroque et de contrepoints à l'orgue. Mais c'est en définitive du jazz que vient la plus notable influence, qu'il s'agisse des solos délirants de Jackson ou de la batterie décalée de Evans. Le groupe se dissout pourtant en 1972 à l'issue d'une immense tournée, probablement pour cause de difficultés financières. Hammill se consacre un temps à sa carrière solo, et les trois autres musiciens forment un groupe exclusivement instrumental qui sortira un album en 1973 (The Long Hello).
Reformé en 1975, initialement pour la seule durée d'une tournée en France, Van der Graaf Generator enregistre l'un de ses albums les plus représentatifs, Godbluff. Violent, flirtant parfois avec le hard rock, très saturé et inventif, Godbluff relance le groupe qui récidive l'année suivante avec Still Life. En 1976, après l'album World Record, Jackson et Banton décident de quitter le groupe, mettant un terme à l'aventure. Hammill le reformera dès l'année suivante sous le nom de « Van der Graaf ». Ce changement d'identité s'accompagne d'un changement de sonorité puisque les deux principaux responsables de la trame musicale sont absents. Le violoniste Graham Smith est recruté, tandis que Nic Potter revient prendre la basse. Après l'album The quiet zone, the pleasure dome, le groupe entame une magistrale tournée immortalisée dans un album, Vital, en 1978. Ruiné, le groupe se dissout pour la dernière fois.
Dans les décennies suivantes, le groupe a fait subsister sa mémoire au travers de quelques compilations, tandis que Peter Hammill continuait à se faire connaître en tant qu'artiste solo. Les années 2000 voient une lente renaissance du groupe avec sa reformation récente. Le recul des années a redonné sa force à la musique de Van der Graaf Generator. Ses membres, acclamés par la communauté des fans de prog' comme des artistes majeurs, sont généralement reconnus aujourd'hui comme mésestimés et injustement oubliés d'une large partie des amateurs de musique, tant expérimentale que rock.