Deep Purple
Naissance
Hertford, Hertfordshire, United Kingdom
Biographie
Groupe fondateur du style hard rock au début des années 1970, Deep Purple a connu de multiples incarnations différentes et a bénéficié d'un très grand succès, symbolisé par le titre « Smoke on the Water ». Formé à Hertford en Angleterre en 1968, Deep Purple s'établit à Londres et enregistre, avec le chanteur Rod Evans, le guitariste Ritchie Blackmore et l'organiste Jon Lord, trois albums influencés par le blues et le psychédélisme, avant de succomber à la vogue du rock symphonique avec son nouveau chanteur Ian Gillan sur Concerto for Group and Orchestra (1969), réalisé avec le Royal Philharmonic Orchestra. En 1970, l'album Deep Purple in Rock, comprenant le classique « Child in Time », pose les bases d'un son hard rock plébiscité au Royaume-Uni (n° 4). La formation-type complétée par Roger Glover (basse) et Ian Paice (batterie) voit sa notoriété s'étendre à l'ensemble de l'Europe et aux États-Unis au fil des albums Fireball (1971), Machine Head (1972) et son morceau d'anthologie « Smoke on the Water », puis le double album en concert Made in Japan (1973). Cette configuration considérée comme un âge d'or se reconstituera entre 1984 et 1989, puis en 1992-1993. Entre temps se succèdent David Coverdale et Joe Lynn Turner au chant, Tommy Bolin et Steve Morse à la guitare, Don Airey à l'orgue et Glenn Hughes à la basse selon les enregistrements et tournées. Séparé en 1976, Deep Purple réapparaît pour les albums Perfect Strangers (1984), The House of Blue Light (1987), Slaves and Masters (1990) et The Battle Rages On... (1993), qui réunit Gillan, Blackmore, Lord, Glover et Paice, tandis que le guitariste Joe Satriani remplace Blackmore en tournée. Premier album avec Steve Morse, Purpendicular (1995) est suivi par Abandon (1998), Bananas (2003) et Rapture of the Deep (2005). Cette formule se voit reconduite sur Now What?! (2013), Infinite (2017) et Woosh! (2020), sur lesquels officie le producteur canadien Bob Ezrin, à nouveau à l'œuvre sur l'album de reprises Turning to Crime (2021). Entre temps admis au Rock and Roll Hall of Fame, le 8 avril 2016, Deep Purple connaît sa neuvième incarnation en 2024 avec l'album =1, qui voit le départ de Steve Morse, remplacé par Simon McBride.
C'est en 1968 à Hertford que l'histoire commence. L'Angleterre en a alors terminé avec le British Blues Boom et s'essaie au psychédélisme ; Clapton sanctifie le rôle du guitar-hero en fondant Cream et Jimmy Page ne va pas tarder à l'imiter avec Led Zeppelin.
Ritchie Blackmore est déjà un guitariste de studio lorsqu'il rencontre Jon Lord, virtuose aux claviers pourvu d'une formation classique. Ritchie Blackmore auditionne le batteur Ian Paice pour former Roundabout avec deux autres musiciens : Rod Evans (chant) et Nick Simper (basse). Devenu Deep Purple le groupe commence à tourner dans les pays scandinaves.
En mai 1968, paraît leur premier album, Shades of Deep Purple qui, sur fond de pochette violette propose un cocktail incertain de blues/pop/psychédélisme au manque de cohésion flagrantLa reprise du titre « Hush » de Joe South est remarquée aux Etats-Unis, où elle finit par se classer au Top 5. Le second album The Book Of Taliesyn ne sort d'ailleurs à l'origine qu'aux Etats-Unis en 1969.
Sobrement intitulé Deep Purple le 3ème album paraît aussi en 1969. L'échec de cet album coûte leur place à Rod Evans et Nick Simper, remplacés par Ian Gillan au chant et Roger Glover à la basse. Leur arrivée se révèle décisive en raison des talents d'arrangeur de Roger Glover et surtout la voix si haut perchée d'Ian Gillan, capable de rivaliser avec Robert Plant.
Le 24 septembre 1969 Deep Purple enregistre une des plus grosses tartes à la crème de l'histoire du rock : Jon Lord toujours hanté par ses complexes de classicisme décide le groupe à enregistrer en public avec le Royal Philarmonic Orchestra dirigé par Malcolm Arnold.
L'échec de Concerto for Group and Orchestra permet à Ritchie Blackmore de prendre le contrôle du groupe, l'homme en noir a été conquis par le premier album de Led Zeppelin sorti cette même année 1969 et il sent que l'énergie lourde qui suinte des sillons de ce vinyle va lui permettre d'exprimer ses envies de guitariste.
In Rock est un monument dès la pochette : nos cinq musiciens n'hésitent pas à détourner le célèbre visuel du Mount Rushmore pour se présenter en tant que Présidents du Rock. La démesure qui sera désormais la marque du hard rock est lancée et les titres parlent d'eux-mêmes : « Speed King », « Bloodsucker », et autres « Hard Lovin' Man » ne font pas dans la dentelle.
Le succès est comme l'album, franc et massif avec plusieurs millions de copies vendues dans le monde, le 45-tours « Black Night », qui ne figure pas sur l'album, monte lui aussi à l'assaut des hit parades.
En 1971 c'est carrément à la conquête de l'espace que se lance le groupe avec l'efficace Fireball . Deep Purple, avec ces deux albums et les tournées qui suivent, est déjà un grand groupe, adulé, reconnu par ses pairs et le public.Tout commence par un fait divers lorsque le groupe part enregistrer en Suisse, son album suivant, Machine Head. Le 4 décembre 1971, Frank Zappa se produit dans le cadre du prestigieux Festival de Jazz de Montreux lorsqu'un violent incendie éclate au Grand Hôtel où a lieu le concert ; l'hôtel est détruit et l'incendie qui se reflète sur le Léman marque les esprits des musiciens.
« Smoke On the Water » n'est pas UN morceau, c'est LE morceau. C'est un des riffs de guitare les plus connus au monde (avec « (I Can't Get No) Satisfaction » ou « Cocaine »), imparable de simplicité et d'efficacité. Ce titre énorme ne doit pas faire oublier que l'album qui le porte, Machine Head, contient bien d'autres titres comme « Highway Star », « Never Before », « Lazy » ou « Space Truckin' ».
Groupe fondateur du hard rock, auteur d'un hymne intemporel, Deep Purple ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Entre le 15 et le 17 août 1972, il fait participer des milliers de spectateurs d'Osaka et de Tokyo à ce qui sera bientôt un passage obligé : l'enregistrement en public au Japon, le Live in Japan, ici intitulé Made in Japan.En 1973 le très inégal Who Do We Think We Are, est à peine sauvé par un « Woman from Tokyo » à ajouter à la liste des classiques du groupe. Ce sont Ian Gillan et Roger Glover qui font les frais de la personnalité de plus en plus paranoïaque et égocentrique de Ritchie Blackmore, ils sont vite remplacés par David Coverdale au chant et Glenn Hugues à la basse.
Avec ce changement Deep Purple est momentanément régénéré et livre en 1974 un très honnête Burn, où la voix moins aiguë mais plus chaude de David Coverdale convainc les fans, en particulier sur « Mistreated » ou le très « purpurin » « Burn ». Très prolifique, Deep Purple livre la même année un pâle Stormbringer qui annonce bien un orage à venir, des éclairs venant séparer les destinées de Ritchie Blackmore et de Jon Lord/Ian Paice.
Ritchie Blackmore, parti créer son Rainbow, c'est Tommy Bolin qui est choisi pour le remplacer à l'aube de l'année 1975. Come Taste The Band, qui présente la nouvelle formation, révèle vite le manque d'inspiration générale, Jon Lord ne compose plus et Tommy Bolin n'a pas le tranchant de Ritchie Blackmore. Le pathétique Made in Europe, qui tente de renouer avec la splendeur de Made in Japan, n'est qu'un artifice que la mort soudaine de Bolin achève d'éventer.
Il faut attendre huit ans pour voir les membres de la « grande époque » de Deep Purple se réconcilier pour tenter de relancer des carrières personnelles en sérieuses difficultés. Perfect Stranger et son logo modernisé du groupe est une bonne surprise . Les retours conjugués de Ian Gillan et Ritchie Blackmore donnent à Deep Purple son éclat des fastes années et l'ensemble des musiciens ont retrouvé la pêche. Ils attendent 1987 pour livrer un The House of Blue Light qui ne ravit que les fans les plus absolus du groupe. Il est suivi par un bon vieux live : Nobody's Perfect.
La traversée des années 90 de Deep Purple en est une suite de chassés-croisés de personnel improductifs, Ian Gillan part avant Slaves and Masters puis revient pour The Battle Rages On et Ritchie Blackmore céde sa place à Steve Morse sur Purpendicular. La décennie se clôt par le pâle Abandon.
En 2003 ils enregistrent Bananas, qui rompt dès son titre et sa pochette avec la tradition gothique de Deep Purple pour offrir autour des vétérans Gillan-Paice-Glover un renouveau de créativité avec Steve Morse et l'arrivée de Don Airey aux claviers. Deep Purple propose en 2005 un Rapture of the Deep confirmant leurs bonnes dispositions du moment avec un Steve Morse mélodieux et inventif, Don Airey moins emphatique que Lord et surtout le miracle de la voix retrouvée de Ian Gillan.
Des archives à la teneur inégale sortent régulièrement, surtout issues des innombrables tournées du groupe. En 2011, c'est la période 1975/1976 qui est à l'honneur sur le CD et DVD Phoenix Rising. La partie DVD inclue un documentaire sur la tournée effectuée à cette période par Deep Purple dit Mark IV (soit la quatrième incarnation du groupe). Deep Purple est alors composé de David Coverdale, Tommy Bolin, Glenn Hugues, Ian Paice et Jon Lord. En avril 2013, Deep Purple confirme qu'il reste au sommet du hard progressif avec le convaincant Now What?!. Quatre ans plus tard, alors que les rumeurs affirment que les musiciens seraient sur le point de prendre leur retraite, un nouvel album sort, baptisé Infinite, le vingtième en près d'un demi-siècle de carrière. Bob Ezrin, reconduit dans ses fonctions, en assure la production.