Little Bob Story
Naissance
Le Havre, Seine Maritime, France
Biographie
Indissolublement lié à la personnalité de son chanteur Roberto Piazza (fils d'immigrés italiens né en 1945), Little Bob Story est un groupe français originaire du Havre. Fondé en 1974 par des musiciens amoureux de rock, de blues, voire même de jazz, Little Bob Story a longtemps fait jeu égal avec ses confrères britanniques ou américains (dans ces pays, la presse musicale le surnomma le « MC5 ou le Dr. Feelgood français »), prenant toute sa dimension lors de concerts épiques et chaleureux. Chantant en anglais, ce qui lui interdit l'accès aux radios généralistes et autres chaînes de télévision, le combo s'allie néanmoins deux décennies durant un fort contingent de fans. Malgré d'incessants changements de personnel, il reste - exemple de probité musicale et d'engagement sans réserve dans la croisade du rock - comme l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock français. En 2015, le gang du Havre fête ses quarante ans de loyal service au blues et au rock par un vingt-cinquième album baptisé Howlin', emballé sous le nom de Little Bob Blues Bastards.
Il y a donc de grosses usines chimiques ou de constructions automobiles, d'énormes pétroliers, de grandes cheminées de raffineries, et un tout petit chanteur. Le tout petit chanteur, qui s'appelle Roberto « Libero » (en hommage à son père) Piazza (et qui est, naturellement, d'ascendance italienne, anarchiste de surcroît, donc contrainte de fuir l'oppression mussolinienne), pour ne pas finir écrasé par cet environnement, voue son âme au rock'n'roll. Son âme, son énergie, sa santé, et ses espérances, et ce (presque) depuis sa naissance, le 10 mai 1945 : papa et maman Piazza ont donc juste eu le temps de fêter la capitulation de l'Allemagne nazie.
Depuis son débarquement depuis Alessandria, dans le Piémont italien, le petit garçon a vu son père, géomètre de formation, déclassé en man?uvre. Pour espérer s'en sortir, il reste donc le football, et la musique.Surtout la musique, avec l'habituelle kyrielle de groupes de jeunesse (les Apaches, Little Bob And The Red Devils, ou Little Bob And The Crazy Road).
Puis, brusquement, nous sommes en 1974, dans ce Havre qui rappelle si fort Detroit (qui n'est pas un port, mais fabrique des voitures), ou Liverpool (où l'on ne fabrique pas de voitures, mais qui sent l'air du large). Dès ses débuts, celui qu'on surnomme déjà Little Bob en référence à sa petite taille bien évidemment, mais aussi en hommage au pionnier du rock and roll noir Little Richard (et il a, bien volontiers, adopté un surnom qui deviendra une marque de fabrique) choisit le rock français, plutôt qu'en français, définitivement plus confortable dans le rythme de cette langue qui, jusque dans l'hexagone, berce les soirées des adolescents.
Le chanteur rassemble autour de lui le batteur Mino Quertier, le guitariste Guy-Georges Gremy, et le bassiste Dominique « Barbe Noire » Lelan. Sur les comptoirs des troquets, dans les salles des fêtes de campagne, dans des bars qui commencent à s'ouvrir au rock, Little Bob Story est né.
Après un premier single en hommage à The Animals, « Don't Let Be Me Misunderstood » (1975) et un deuxième 45 tours roboratif (« Let Me In »), le premier album du groupe, High Time, enregistré à Antibes (mais dont la pochette s'orne d'un cliché du Havre nocturne), est édité en 1976. Le groupe bénéficie alors, presque contre son gré, du mouvement punk, et construit une solide réputation outre-Manche.
L'album Little Bob Story, simple compilation des premiers singles, sort contre l'avis du groupe. L'album suivant Livin' In The Fast Lane (septembre 1977) est salué par, et critiques, et public, qui le consacrent disque de l'année en France. Produit par l'ex-Ducks De Luxe Sean Tyla (le pressage britannique de l'album s'intitule Off The Rails), il permet de découvrir un nouveau membre du groupe, le guitariste Dominique « Ginger » Guillon.
Little Bob story vient alors d'enchaîner deux cents cinquante concerts en deux ans. Au mois d'octobre 1978 sort Come See Me, cette fois encore enregistré en Grande-Bretagne : la pochette est atroce de mauvais goût, mais le disque - qui ne se vend qu'à vingt-cinq mille exemplaires - offre une chanson composée par Bruce Springsteen (« Seaside Bar Song »). La valse des musiciens a débuté, puisque Little Bob Story intègre désormais le guitariste Serge Hendrix, et le batteur Vico Rebibo. Enregistré en concert à Londres, l'album en public Little Bob Story Live paraît au mois de novembre 1979.
Octobre 1980 : alors que Jean-Loup Duret (à la guitare), et le pianiste Dominique Comont (qui fonde plus tard The City Kids) rallie le combo, est édité le très bluesy Light Of My Town, cinquième album de Little Bob Story. Le chanteur met à profit l'année 1981 pour roder une nouvelle formule, qui inclut le batteur Nicolas Garotin, François Gehin à la basse, et le guitariste Gilles Mallet. C'est au mois de février de l'année suivante que sort Vacant Heart : enregistré à Londres, on peut y retrouver Sean Tyla à la production, ainsi que le guitariste Jerry Muffet, et l'album - considéré comme célébrant le grand retour de Little Bob - est illuminé d'une magnifique version de « Play With Fire » (The Rolling Stones).
En 1984 paraît Too Young To Love Me. L'album, enregistré à New York, est produit par Tom Panunzio (alors compagnon de route du guitariste Link Wray), et par l'ami d'enfance de Bruce Springsteen, Southside Johnny. On y relève le grand retour du guitariste Guy-George Grémy. Alors qu'est proposé le huitième album du groupe (Wanderers, Followers...Lovers), c'est en 1985 que Little Bob entame une expérience riche en rebondissements : des concerts en duo, simplement accompagné du pianiste de jazz Joël Drouin.
En 1986, le groupe fête son dixième anniversaire avec la sortie d'un maxi 45 tours (Cover Girl). En 1987, c'est une autre figure mythique du rock international, le bassiste de Motörhead, Lemmy Kilmister, qui est invité à participer à Ringolevio, album inspiré du roman éponyme de l'Américain Emmett Grogan. Le groupe intègre désormais Fred Lemarchand à la basse et le guitariste Yves Chouard.
Mais le groupe ne résiste pas à la tournée qui suit : Little Bob Story se sépare en 1988, et le chanteur entame alors une tournée avec Joël Drouin, puis se consacre à la production. En 1990, on a des nouvelles du Havrais grâce à Rendez-Vous in Angel City, album enregistré en Californie, et qui accueille une véritable brigade de stars : le pianiste de Mink DeVille Kenny Margolis, Dave Alvin guitariste de The Blasters, le spécialiste de la country Charlie Sexton et le guitariste de Lou Reed Steve Hunter ont, entre autres, répondu à l'appel.
Alive or Nothing, nouvel album en public, paraît en 1991, alors que Little Bob tourne désormais en compagnie de Bertrand Couloume à la contrebasse, du batteur Denis Charolles, des guitaristes Olivier Durand et Gilles Mallet, et de choristes qui font bientôt faire parler d'eux sous le nom de Pow Wow. Lost Territories, treizième production du chanteur, évocateur des Indiens d'Amérique (et du génocide dont ils ont été victimes), est éditée en 1993. Little Bob se consacre l'année suivante à une tournée acoustique, entre autres accompagné par le claviériste Nicolas Noël. Le 21 octobre 1997 paraît l'album Blue Stories.
Little Bob apparaît alors à plusieurs reprises aux génériques de films (Love Me de Laetitia Masson) et se consacre à l'édition de titres inédits de son groupe : One Story Volume 1 (1999) et One Story Volume 2 (2000). Saluant le retour de Garotin à la batterie, l'album Libero sort le 22 février 2002. C'est au mois d'octobre 2003 que paraît un album enregistré en public dans la salle du Trabendo de Paris (Rock On, Riff On, Roll On, Move On - Live 2003). Le 30 avril 2005, Little Bob fête dignement ses trente ans de scène avec la parution d'un nouveau et double album : The Gift. Le 26 avril 2007 est édité un CD/DVD en public, enregistré au Havre, Live In The Dockland.
Après Time to Blast sorti en 2009, Little Bob Story laisse place à Little Bob Blues Bastards pour l'album Howlin' (2015) qui, comme son titre l'indique, est redevable au blues de Chester Burnett, alias Howlin' Wolf. Un batteur nommé Jérémy Piazza fait ses débuts aux côtés de Gilles Mallet (guitare), Mickey Blow (harmonica) et Bertrand Couloume (contrebasse).