The Band
Naissance
Toronto, Ontario, Canada
Biographie
The Band après avoir accompagné, sous le nom The Hawks, Ronnie Hawkins entre 1958 et 1963 puis Bob Dylan, lors de ses tournées de 1965 et 1966. La formation en majorité canadienne constituée de Robbie Robertson (guitare), Richard Manuel (piano), Rick Danko (basse), de l'Américain Levon Helm (batterie), tous également présents au chant et de Garth Hudson (claviers, instruments à vent), effectue un retour aux sources folk, country et blues de la musique américaine dès son premier album Music from Big Pink (1968), enregistré dans la maison de Woodstock où ont eu lieu les séances de The Basement Tapes. Jalon d'un genre nommé par la suite americana, il est porté par le classique « The Weight », hit mineur (n° 63) ajouté à la bande originale du film Easy Rider et repris ensuite par Aretha Franklin, The Temptations et The Supremes. En 1969, c'est dans la propriété de Sammy Davis Jr. à Hollywood qu'est élaboré The Band (classé n° 9), paru après le passage du groupe au festival de Woodstock en tant que tel et en accompagnent de Bob Dylan à l'île de Wight. En couverture du magazine Time en janvier 1970, The Band poursuit avec Stage Fright (1970), Cahoots (1971), Rock of Ages (en public, 1972), Moondog Matinee (1973), Northern Lights - Southern Cross (1975) et Islands (1976), après avoir à nouveau rejoint Bob Dylan sur Planet Waves (1974) et lors de la tournée qui a donné lieu à Before the Flood. Le 25 novembre 1975, ce dernier participe, au côté d'un parterre de stars comprenant Neil Young, Joni Mitchell, Eric Clapton, Neil Diamond, Muddy Waters, Ringo Starr, Dr. John et Van Morrison, au concert d'adieu du groupe qui paraît sous la forme d'un triple album en 1978 et d'un film réalisé par Martin Scorsese, The Last Waltz. Tandis que Robbie Robertson s'est lancé dans sa propre carrière, les autres membres recrutent Jim Weider pour une série de concerts jusqu'au 4 mars 1986, date à laquelle Richard Manuel est retrouvé pendu dans sa chambre d'hôtel. Le groupe nouvelle manière enregistre les albums Jericho (1993), High on the Hog (1996) et Jubilation (1998), avant le décès de Rick Danko le 10 décembre 1999, à l'âge de 55 ans. Admis au Canadian Music Hall of Fame (1989) et au Rock and Roll Hall of Fame (1994), The Band reçoit un Grammy Award d'honneur en 2008. Après le décès de Levon Helm d'un cancer le 19 avril 2012 à 71 ans, survient celui de Robbie Robertson d'un cancer de la prostate, le 9 août 2023, à l'âge de 80 ans, puis du dernier membre originel Garth Hudson, le 21 janvier 2025 à l'âge de 87 ans.
L'aventure de The Band débute à la fin des années 1950 lorsque Ronnie Hawkins, chanteur de rock'n'roll de l'Arkansas recrute pour son groupe, les Hawks, son compatriote le guitariste Levon Helm début 1958, qui passe rapidement à la batterie. Après une demi-douzaine de 45 tours dont un sous le nom de Rockin' Ron & The Rebels et deux albums, Ronnie Hawkins s'exile volontairement en 1960 au Canada. Les Hawks s'y établissent sans avoir vraiment percé, avec Levon Helm seul rescapé du groupe, dont les membres sont remplacés par des Canadiens, le tout jeune guitariste Robbie Robertson, Rick Danko à la basse, Richard Manuel au piano et Garth Hudson à l'orgue. La formation reste intacte jusqu'en 1963.
La carrière des musiciens croise celle de Bob Dylan, et restera indissociable. Grâce à cette rencontre, cette formation qui aurait pu devenir un énième groupe de bars, va enthousiasmer le petit monde du rock et exercer sur celui-ci une influence capitale. Le premier concert avec seulement Robbie Robertson, Levon Helm, Al Kooper aux claviers et Harvey Brooks à la basse a lieu le 28 août 1965 au Forest Hills Stadium dans le Queens, suivi des premières répétitions avec le groupe entier à Toronto du 15 au 17 septembre.
Le premier concert de Bob Dylan et des futurs The Band au complet se tient au Municipal Auditorium à Austin, Texas, le 23 septembre 1965. Même si le groupe est l'orchestre officiel de Bob Dylan, et l'accompagne en Europe au printemps 1966, seul Robbie Robertson participe au chef-d'?uvre Blonde On Blonde. Mais la veille de l'entrée au hit-parade de Blonde On Blonde, Bob Dylan est victime le 29 juillet de son accident de moto, laissant son groupe au chômage technique. Au printemps 1967 a lieu l'enregistrement des fameuses Basement Tapes dont une partie ne verra officiellement le jour qu'en 1975, mais qu'on connaîtra dès 1969 avec le plus célèbre « bootleg » de l'histoire (et le premier) : Great White Wonder.
Leur cohésion est absolument unique dans les annales du rock ; cinq musiciens-frères qui ont une « vision », imperméables aux productions contemporaines, démocrates attentifs aux autres dans leur manière de travailler, l'auteur laissant volontiers à l'un des autres le soin de chanter sa propre composition. L'éblouissant The Band sort à l'automne 1969. Huit des douze titres de The Band (qui avait failli s'intituler Harvest) sont crédités à Robbie Robertson sans qu'il n'en chante une seule, laissant ce soin aux trois meilleurs dans le domaine, Levon Helm, Rick Danko et surtout Richard Manuel. Les musiciens jouent toujours aux chaises musicales en s'échangent leurs instruments au gré des chansons, le résultat donne l'un des très grands albums de l'histoire, indémodable, éblouissant et passionnant. Les morceaux les plus connus sont bien sûr « Rag Mama Rag » avec Richard Manuel à la batterie, et l'ode au Sud « The Night They Drove Old Dixie Down » chanté par Levon Helm.
C'est en voisins que les musiciens participent au festival de Woodstock le dimanche 17 août 1969, entre Ten Years After et Johnny Winter, et enchaînent avec le festival de l'île de Wight où il se produit 45 minutes avant d'accompagner Bob Dylan.
L'année suivante, le groupe publie Stage Fright. Avec son ton désenchanté, l'album déçoit les admirateurs, surtout sa première partie mais la seconde renferme les joyaux « The Shape I'm In » écrit par Robbie Robertson sur son ami Richard Manuel dont la dépendance à l'alcool le rend de moins en moins créatif, « The Rumor », un portrait de la terne vie à Woodstock où le groupe vit replié sur lui-même, et « Stage Fright » sur le trac en scène, écrit par Robertson en songeant à Bob Dylan.
Robertson a la bonne idée d'engager le pianiste Allen Toussaint pour les arrangements de cuivres de Cahoots, son successeur, en 1971. Album plus laborieux, malgré « Life Is A Carnival », « When I Paint My Masterpiece » écrit par Dylan sur un américain exilé en Europe , et « 4% Pantomime » une collaboration réjouissante entre Robbie Robertson, leur voisin Van Morrison et Richard Manuel, 4% étant la différence de taux d'alcool entre le whisky Johnny Walker étiquette rouge et la noire !
Puis The Band se rend à nouveau en Europe mais seul cette fois, se produisant notamment dans un Olympia à Paris à moitié plein pour un concert magnifique le 25 mai 1971. Le groupe réunit ensuite ses vieilleries favorites qu'il jouait du temps des Hawks, pour le premier album de reprises pop-rock de l'histoire, le véritable juke-box Moondog Matinee. Début novembre 1973, ils bouclent tous les six, avec Bob Dylan, l'excellent Planet Waves en une semaine, et, aussitôt les dates connues d'une grande tournée commune annoncée pour l'année suivante, cinq millions de demandes de tickets sont reçues, pour un total de 650 000 disponibles !
Pourtant, The Band ne participera pas aux deux chefs-d'?uvre de Bob Dylan suivants, Blood On The Tracks et Desire en 1974 et 75. Mais il participe à la tournée de reformation de Crosby, Stills & Nash puis se produit au stade de Wembley le 14 septembre devant 70 000 spectateurs, sans convaincre. Il enregistre longuement son dernier bon disque, Northern Lights-Southern Cross entièrement composé par Robbie Robertson. L'album est toutefois un échec commercial.
Robbie Robertson annonce alors qu'il quitte le Band, mais après un concert d'adieux prévu le jour de Thanksgiving, le jeudi 25 novembre 1976 au Winterland, chant du cygne de six heures resté fameux sous le titre The Last Waltz et filmé par Martin Scorsese, auquel participe le gratin du rock business, d'Eric Clapton à Joni Mitchell en passant par Van Morrison. Signe de l'importance de ce live, il se voit réédité quarante ans après, en novembre 2016 dans un luxueux coffret.
Le groupe se reforme une première fois sans Robbie Robertson dans l'indifférence générale au printemps 1983, puis trois ans plus tard ; mais en pleine tournée, Richard Manuel se pend le 4 mars 1986 dans un faubourg d'Orlando en Floride. Jericho parait en 1993, avec Jim Weider, Richard Bell et Randy Ciarlante, qui vaut surtout pour la chanson de Bob Dylan « Blind Willie McTell ». Après deux autres albums moins intéressants en deux ans, Rick Danko, l'inoubliable voix de « The Unfaithful Servant » meurt dans son sommeil le lendemain de son 56ème anniversaire, le 10 décembre 1999, mettant un point final à l'aventure.