David Oïstrakh

Nom de naissance

Fioddor Davidovitch Oïstrakh

Naissance

20 Septembre 1908

Biographie

L'un des plus grands violonistes du XXe siècle, né à Odessa le 20 septembre 1908 et décédé à Amsterdam le 24 octobre 1974, David Oïstrakh connaît une renommée internationale après avoir remporté le prestigieux Concours Eugène Ysaÿe, futur Concours Reine-Élisabeth de Belgique, en 1937. Connu en Union soviétique où il est formé dès son jeune âge par Piotr Stoliarski, il suscite une attention grandissante pour son aisance à aborder tous les répertoires, de Bach à Bartok ou Glazounov. En 1939 et 1940, Miaskovski et Khatchatourian lui dédient des oeuvres, comme le feront son ami Chostakovitch puis Prokofiev. En raison du pouvoir en place, il doit cependant attendre les années 1950 pour se produire en Europe et aux États-Unis, où ses enregistrements devenus légendaires sont désormais accessibles. Également un altiste reconnu, David Oïstrakh commence une carrière dans la direction d'orchestre en 1959 et décède lors d'une série de concerts qu'il donne à Amsterdam, à l'âge de 66 ans. Il a pour héritier Igor Oistrakh (né en 1931), qui mène une brillante carrière de soliste. Ses plus nobles interprétations sont archivées, suivant les labels, dans les compilations The Great Recordings (2008) et The David Oistrakh Edition (2016).

Fiodor Davidovitch « Dodik » Oïstrakh naît à Odessa, dans l'Empire russe, le 20 septembre 1908. Fils d'un modeste officier de l'armée, musicien amateur et notamment violoniste, et d'une choriste à l'opéra de la ville, David Oïstrakh commence des études musicales au conservatoire dès son plus jeune âge, à cinq ans, après s'être entiché d'un violon-jouet. Il a pour professeur Piotr Stoliarski, qui enseigne également l'instrument à Nathan Milstein et lui apprend à jouer de l'alto.

Après des années d'études, il donne son premier récital public en 1923, dans le Concerto en la mineur (BWV 1041) de J. S. Bach. Trois ans plus tard, après une tournée régionale, il sort diplômé du conservatoire et remporte le concours de la ville d'Odessa en jouant le Concerto n° 1 pour violon de Prokofiev, une partition récente et tout juste créée en 1923, qui impressionne le jury sur l'étendue du répertoire abordé par le jeune musicien. L'année suivante, il interprète à Odessa et à Kiev le Concerto pour violon de Glazounov, puis fait ses débuts à Saint-Pétersbourg, alors Leningrad, dans le Concerto pour violon de Tchaïkovski.

En 1929, David Oïstrakh donne son premier récital à Moscou, où lui sera proposé cinq ans plus tard une place de professeur de violon à plein temps au conservatoire, qu'il n'honorera qu'en 1939. Entre-temps, son épouse donne naissance en 1931 à leur fils Igor Oïstrakh, qu'il aura pour élève à Moscou et deviendra comme lui un violoniste de renommée internationale. En 1935, après plusieurs succès en concours, en Ukraine et dans l'Union soviétique, il termine à la seconde place du Concours international Henryk Wieniawski à Varsovie, derrière la violoniste française Ginette Neveu. Il se rattrape deux ans plus tard au prestigieux Concours Eugène Ysaÿe de Bruxelles, futur Concours Reine-Élisabeth de Belgique, qui lui laisse entrevoir une carrière internationale.

La Seconde Guerre mondiale retarde l'accès à la notoriété mondiale de David Oïstrakh, qui se voit dédié des oeuvres concertantes par les compositeurs Nikolai Miaskovski (1939), Aram Khatchatourian (1940), Kabalevski (1948) et, par Prokofiev en 1944, sa première Sonate pour violon et piano. En 1940, il fonde un trio avec le pianiste Lev Oborine et le violoncelliste Sviatoslav Knouchevitski, qui se produit jusqu'en 1963. En 1942, il reçoit le Prix Staline, dont il reverse la récompense à l'Armée rouge. Désormais professeur au conservatoire de Moscou, il donne des concerts improvisés sur les lignes de front pour soutenir le moral des soldats. En 1947, il est décoré de l'ordre de Lénine.

Il lui faut attendre la fin des hostilités pour être autorisé à voyager à l'intérieur du bloc soviétique et en Europe. Invité au festival du Printemps de Prague, il participe en 1951 au Mai musical de Florence, puis se produit l'année suivante au festival Beethoven en Allemagne de l'Est, en France en 1953, en Angleterre en 1954 et, enfin, aux États-Unis en 1955. Les enregistrements de David Oïstrakh, qui commencent à être distribués par différents labels, donnent une idée de l'étendue de son répertoire, allant de J. S. Bach et de l'ère baroque aux compositeurs modernes. Son ami Dmitri Chostakovitch lui écrit deux concertos pour violon, en 1955 et 1967.

David Oïstrakh fait une incursion dans la direction d'orchestre en 1959. Il dirige principalement à Moscou et reçoit le Prix Lénine en 1960. En 1967, il collabore avec un autre géant de l'interprétation, son compatriote le pianiste Sviatoslav Richter. Alors que sa santé donne des signes de faiblesse, il est atteint d'un infarctus en 1964, le violoniste ne réduit pas son rythme de travail et continue de donner des concerts. Il est déjà considéré comme l'un des plus grands solistes de son temps lorsqu'il fête ses soixante ans en 1968. Dmitri Chostakovitch lui dédie une nouvelle Sonate pour violon et piano. Le 24 octobre 1974, alors qu'il est à Amsterdam pour diriger un cycle consacré à Brahms au Concertgebouw, il succombe à un infarctus qui lui est cette fois fatal, à l'âge de 66 ans. David Oïstrakh repose au cimetière de Novodevitchi à Moscou, aux côtés de son épouse Tamara, décédée en 1976. En 1994, Bruno Monsaingeon lui consacre un documentaire.

Son legs immense, couvrant tout le répertoire du violon, comporte de nombreux enregistrements. Le coffret de 17 CD The Great Recordings rassemble ses meilleures séances distribuées en Europe par le label EMI, tandis que celui de 22 CD The David Oïstrakh Edition, paru en 2016, offre un large panorama de son art pour les labels Deutsche Grammophon, Decca, Philips et Westminster.