Tony Allen

Biographie

Batteur et percussionniste d'exception, le Nigérian Tony Allen (né à Lagos le 12 août 1940) a joué un rôle aussi important que son compatriote Fela Kuti dans l'avènement de l'afrobeat, musique mélangeant tradition yoruba et occidentalisme du jazz et du funk, à la fin des années 1960. Après une quinzaine d'années passées dans les groupes Koola Lobito et Africa 70 du saxophoniste, il choisit l'indépendance et enregistre ses premiers albums en solo au milieu des années 1970 : Jealousy (1975), Progress (1977), No Accomodation for Lagos (1978) et No Discrimination (1980). Sur les albums suivants parus une décennie plus tard, Black Voices (2000) ou Home Cooking (2003), le batteur fusionne savamment son style avec du dub, du funk, du rock et du rap. Collaborateur régulier des projets divers de Damon Albarn (The Good, the Bad & the Queen, festival Africa Express, Rocket Juice & the Moon), Tony Allen l'invite à chanter sur son dixième album solo Film of Life (2014). Trois ans plus tard, après un EP en hommage à sa plus grande influence, Art Blakey, il dévoile son premier album pour le label Blue Note, intitulé The Source, suivi de Tomorrow Comes the Harvest (2018), en collaboration avec le DJ Jeff Mills. En 2020, l'album Rejoice enregistré dix ans plus tôt avec le trompettiste sud-africain Hugh Masekela, décédé entre temps, voit enfin le jour. Âgé de 79 ans, Tony Allen meurt d'un anévrisme aortique quelque semaines après la parution, à l'hôpital Georges-Pompidou de Paris, le 30 avril 2020. 

D'origines nigériane et ghanéenne, le batteur Tony Allen est né à Lagos le 12 août 1940. Il débute son instrument à dix-huit ans tout en travaillant comme technicien radio.

En 1964, Tony Allen commence à jouer avec Fela Anikulapo Kuti. Du jazz, ils vont évoluer vers leur propre style, l'afrobeat, invention parachevée lors de leur tournée américaine de 1969, aux côtés de musiciens afro-américains, à cette époque houleuse de l'après-assassinat de Martin Luther King. Avec Fela Kuti & Africa 70, il participe aux enregistrements majeurs du groupe tels que Jealousy Progress (1978), No Accomodation for Lagos (1978) ou No Discrimination (1978), avant de tracer sa propre voie en 1979.

Tony Allen se rend alors en Europe où il travaille avec de nombreux musiciens, et notamment avec Ray Lema et Roy Ayers, le Never Expect Power Always et surtout Manu Dibango, comme sur son album Wakafrika (1994).

Avec son propre album Black Voices (2000), Tony Allen réalise la fusion entre afrobeat, rock, funk et hip-hop, en compagnie du bassiste César Anot, du guitariste Sébastien Martel, et du percussionniste et producteur Liam Farrell, alias Doctor L. Il réitère sa collaboration avec ce dernier sur l'album Home Cooking (2003), alliant pureté du style et des mélopées traditionnelles avec dub, funk et sonorités électroniques, et aux côtés de Damon Albarn, Unsung Heroes et Soul II Soul.

Après un Tony Allen Live (2004) assemblant diverses prestations enregistrées à Vancouver, Montréal, Montreux et Sao Paulo, le batteur retourne à ses racines en enregistrant, dans son pays natal, le disque Lagos No Shaking (2006). Y figurent des musiciens tels le trompettiste Biodun Adebiyi, le guitariste Oscar Elimbi, le tromboniste Fred Fisher, le saxophoniste Rilwan Faqbeni et de nombreux vocalistes.   

En 2007, Tony Allen vogue vers d'autres aventures en rejoignant Damon Albarn (Blur) et son nouveau groupe dénommé The Good, The Bad and The Queen, puis rend hommage au chanteur Bono, activiste investi dans des missions humanitaires africaines, sur l'album réalisé pour l'occasion, In The Name of Love: Africa Celebrates U2 (2008). Après Secret Agent, publié en 2009, le maître de l'afrobeat participe au nouveau projet de Damon Albarn, Rocket Juice & the Moon, avec le bassiste Flea (Red Hot Chili Peppers) et Erykah Badu, le temps d'un album paru en 2012. L'ex-chanteur de Blur est également présent sur le titre « Go Back », extrait du dixième album solo de Tony Allen, Film of Life, paru en octobre 2014 et produit par les Jazzbastards français.

C'est par un EP en hommage à une influence majeure sur son style, Art Blakey, que Tony Allen allonge sa discographie. La tournée qui suit s'arrête au Jazz Nice Festival avant la publication, en septembre 2017, de son premier album pour le label Blue Note. Le résultat enregistré avec des musiciens français, The Source, fusionne ses influences hard bop à l'afrobeat qu'il a contribué à créer.